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Vitality, un an sur Counter-Strike

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Ce mardi 8 octobre 2019, Vitality souffle sa première bougie sur Counter-Strike. Cela fait en effet un an tout pile que l'organisation a écarté le rideau bleu et jaune et est entrée sur la scène de l'un des plus grands FPS de tous les temps. En recrutant la line-up Waterboys de l'époque (NBK, apEX, RpK, Happy, ZywOo), la plus grosse structure française d'esport affichait de fortes ambitions et visait clairement le haut du classement mondial.

Alors, 365 jours plus tard, quel bilan tirer de cette première année ?

De tout en bas à presque tout en haut

Difficile de dire que cette saison inaugurale ne fut pas un succès. Partie sans rien, si ce n'est le talent et l'expérience de ses joueurs, Vitality est aujourd'hui l'une des meilleures équipes du monde, positionnée dans le top 5, avec un pic à la deuxième place du classement HLTV durant l'été.

Mais plus qu'une hiérarchie toujours sujette à discussion, la formation tricolore est parvenue à affirmer son statut en cumulant les bons résultats quand il le fallait. Victorieuse de l'une des deux plus grandes ligues de la scène, les ECS lors de la saison 7, gagnante de plusieurs trophées qui ne lui étaient pas donnés d'avance – DH Atlanta, Charleroi Esports, cs_summit #4 –, finaliste de compétitions prestigieuses telles que l'ESL One Cologne ou la toute récente DH Masters Malmö, Vitality n'a pas à rougir de son palmarès après cette première année. À cela s'ajoutent un slot gagné en Pro League en domptant la Mountain Dew League, ainsi qu'un autre en ECS, forcément.

670 204 $
Le cashprize gagné par Vitality durant sa première année de compétition sur CS:GO. En comparaison, G2 version "superteam" avait réalisé un résultat quasiment similaire durant son année de vie en 2017-2018, accumulant 676 250 $ de gains selon Esports Earnings.

Peut-être plus important encore, tant pour le prestige qu'au niveau économique, l'équipe est parvenue à intégrer le circuit Major. Elle a dû emprunter le chemin le plus long, partant de l'enfer des qualifications ouvertes pour le Minor, jouées entièrement en ligne et en grande partie en Bo1, mais est arrivée à ses fins, venant ensuite à bout de la qualification fermée puis du Minor pour disputer son premier Major aux IEM Katowice en février dernier. Elle y a gagné son statut de Challenger, ce qui lui a garanti une participation au suivant, le StarLadder Major de Berlin. Elle a fait encore mieux là-bas en décrochant le titre de Légende, synonyme d'invitation pour le Legends Stage du prochain Major, qui aura lieu en mai 2020, on ne sait pas encore où.

Bref, dans les faits, au niveau compétitif, ce baptême du feu sur Global Offensive est plutôt un beau succès pour Vitality. Mais un tel résultat ne s'est pas obtenu sans laisser plusieurs soldats sur le bord de la route.

En interne, pas de doute, c'est du 100 % français

En un an, Vitality a entièrement changé l'encadrement de sa line-up Counter-Strike (seul WiPR l'analyste n'a pas bougé de son poste), ainsi que deux joueurs. Ces différents changements ont notamment coûté leur place aux deux principaux bâtisseurs du projet de base, faculty et NBK, même si apEX établit les premiers contacts avec la structure.

"Entre lui et moi, je ne perçois aucune faiblesse", expliquait le coach faculty à propos de sa relation avec son leader NBK, juste après le recrutement du cinq de l'époque par Vitality. Malheureusement pour lui, il sera le premier à partir, un petit mois à peine après le début de l'aventure. Un départ qui a fait du bruit tout en restant opaque, les concernés ne s'exprimant que très peu, si ce n'est pour sortir le sempiternel "nos visions de jeu étaient différentes".

L'optimisme n'était pas de mise après ce premier couac apparu très tôt, mais la structure va rapidement réagir en recrutant un nouveau coach bien connu dans le milieu, XTQZZZ. Le poste de manager devient de son côté occupé par Zuper, et celui d'analyste trouve un candidat idéal peu après, WiPR. Un staff made in ESL France qui change de position, passant de caster-spectateur à acteur direct du jeu.

Zuper et XTQZZZ, toujours ensemble mais avec de nouvelles responsabilités

2018 n'est toujours pas finie qu'un autre changement, touchant cette fois-ci directement la line-up, va avoir lieu. Malgré la première place obtenue à la DH Atlanta, Happy est mis sur le banc. Membre historique du subtop français et auteur d'une très belle saison avec LDLC, ALEX prend sa place quelques jours plus tard, alors que les derniers échos des feux d'artifice du Réveillon retentissent encore.

     
  Il y avait un blocage de 2-3 joueurs par rapport au rendement d'Happy, sa vision de jeu, in-game et en dehors. À ce moment-là, j'ai lancé le processus, j'ai posé certaines questions, pour savoir si on devait continuer comme ça. Certains ont estimé que ça ne changerait pas, que ce n'était pas possible. Par conséquent, j'en ai parlé à Zuper qui m'a suivi, on a lancé le processus de bench. [...] C'est un énorme risque, oui, mais il est complètement assumé à 100 %.

XTQZZZ revenant sur le remplacement d'Happy par ALEX fin 2018

 
 

L'arrivée d'ALEX offre de nouvelles possibilités, tant en terme d'attaque que de lead-in-game. L'Anglais préféré des Français peut prendre le rôle de meneur détenu jusque-là par NBK, et va émerger au fil des semaines un lead à deux têtes, NBK à la baguette en CT, ALEX aux commandes en terro.

Cette configuration d'équipe va durer jusqu'au début de l'été. Le troisième partant sera Zuper, début juin. Installé à Singapour, le manager a du mal à gérer le décalage horaire et l'éloignement géographique. En parallèle, Vitality développe une nouvelle stratégie de gestion, basée sur le parallélisme existant entre esport et sport. Ancien céiste de haut-niveau, médaillé olympique aux JO de Rio, Matthieu Péché vient ainsi apporter son expérience et son expertise à Vitality en récupérant le poste de manager de l'équipe CS:GO.

Enfin, l'ultime transformation de l'équipe durant sa première année de vie aura lieu juste après le StarLadder Major de Berlin, alors qu'Astralis n'a même pas encore soulevé son quatrième titre mais que l'équipe tricolore, elle, a déjà été éliminée en quart de finale. À l'origine de la création de la line-up, capitaine de son escouade, NBK est évincé à la surprise générale.

     
  Il s'est passé quelque chose qui fait que les joueurs, et pas un joueur, pas deux joueurs, tous les joueurs, ne voulaient plus jouer avec NBK. [...] ALEX et NBK, c'était difficile. Le choix, c'était soit NBK, soit ALEX. Aujourd'hui, par rapport à ce qu'il s'est passé, à la manière, au comportement, par rapport à comment Vitality envisage le projet et comment ils souhaitent que je l'envisage également, [écarter NBK] était ce qu'il fallait faire.

XTQZZZ revenant sur la mise à l'écart de NBK en septembre 2019

 
 

shox, qui avait quitté G2 au même timing, viendra compléter la line-up. C'est donc avec deux joueurs différents dans sa formation par rapport à ses débuts, ainsi qu'un staff largement renouvelé, que Vitality mangera son gâteau d'anniversaire. RpK, apEX, ZywOo, ALEX et shox sur le serveur, XTQZZZ, Matthieu Péché et WiPR dans l'ombre.

Les victoires ne font ainsi pas tout. L'ascension de l'équipe ne l'aura pas privé de mésententes, de chichis, de guéguerre d'égos. Parce que Vitality reste une formation française. Et qu'apparemment, jamais une troupe tricolore ne pourra se priver de problèmes internes et de "au fait, on a gagné ce tournoi mais deux semaines avant on n'était pas loin de tous se séparer". Sinon, ce serait trop simple et trop facile à suivre.

Vitality en octobre 2018 Vitality en octobre 2019

Nathan "NBK" Schmitt
Dan "apEX" Madesclaire
Cédric "RpK" Guipouy
Vincent "Happy" Cervoni
Mathieu "ZywOo" Herbaut

Philippe "faculty" Rodier (coach)

Dan "apEX" Madesclaire
Cédric "RpK" Guipouy
Mathieu "ZywOo" Herbaut
Alex "ALEX" McMeekin
Richard "shox" Papillon

Rémy "XTQZZZ" Quoniam (coach)
Matthieu Péché (manager)
Renaud "WiPR" Malfait (analyste)

Et les joueurs dans tout ça ?

Que dire sur ZywOo, si ce n'est que le monde s'offre à lui ? Les plus sceptiques doutaient de ses capacités à reproduire ses performances d'avant Vitality au plus haut niveau, contre des Astralis, des Liquid, des Na'Vi. Au final, ZywOo devrait finir 2019 dans le top 5 des meilleurs joueurs de la planète, et cela devrait suffire à calmer ses derniers détracteurs.

À l'AWP, au rifle, au pistol, son impact est démentiel, ses statistiques fantastiques. Il a porté les siens à de très nombreuses reprises et ses trous d'air se comptent sur les doigts d'une main. Meilleur ami des moviemakers, chacun de ses matchs ou presque recèle une one action. Il est difficile de ne pas s'enflammer en parlant de lui tant son talent éclabousse tous ses mouvements. ZywOo n'est sans doute pas encore parfait, mais il est déjà excellent. Et il n'a même pas encore fêté ses 19 ans. C'est la meilleure nouvelle qui soit pour l'avenir du Counter-Strike français.

1.31
Le rating de ZywOo en lan sur son année de jeu avec Vitality. C'est bien simple, c'est le plus élevé du monde. Seul s1mple rivalise avec 1.30 et, à treize près, le même nombre de cartes jouées (140 contre 153 pour le Français). Derrière, Jamppi, YEKINDAR et mixwell complètent le top 5, mais avec trois fois moins de maps disputées et, surtout, à un niveau de compétition bien moins élevé.

L'éclat du jeune prodige viendrait presque eclipser les autres. Mais ils ne comptent pas pour du beurre, loin de là. Présent depuis le début de l'aventure, RpK a affirmé son rôle d'ancre, difficilement franchissable une fois qu'il est bien lesté sur son BP. Mais son inconstance joue parfois des tours à son équipe, de même que celle d'apEX. Celui qui est bien souvent envoyé au combat en premier subit forcément les spécificités de son rôle. S'il passe, son mouv' peut donner un avantage déterminant à son équipe. En cas d'échec, la situation devient compliquée et les critiques pleuvent. Là aussi, mais comme depuis le début de sa carrière, apEX souffre de son inconstance : tout peut marcher sur un match et plus rien ne cliquera au suivant.

Restent les deux arrivées en cours de route, ALEX et shox. Le premier a pris une importance capitale en s'emparant du rôle de leader, et cela peut se ressentir sur ses statistiques personnelles. Mais il reste aussi un joueur intelligent et qui sait se mettre en avant quand il le faut. Quant au second, il n'a pour l'instant qu'une seule lan à son actif avec Vitality, difficile donc d'en tirer des conclusions. Mais tout le monde voulait voir shox lâcher le lead et se concentrer sur son jeu individuel. C'est maintenant le cas, enfin. Parce qu'un shox focus viseur, ça peut faire très, très mal. Et qu'un duo shox-ZywOo en forme, ça peut venir à bout de tout le monde.

C'était quand même une belle première année

Selon les dires de XTQZZZ, Vitality a prévu de rester au moins deux ans sur CS:GO. Dans le pire des cas, il lui reste donc encore une autre année pour étoffer son palmarès et limiter au maximum l'apparition de regrets supplémentaires.

Mais en attendant, cette première année fut quand même réussie. Faut-il rappeler l'exercice 2018 catastrophique qu'avait connu la France ? Aucune victoire dans des gros tournois, aucune finale, aucune demi-finale. Si la scène française a redécollé en 2019, c'est parce que Vitality, mais aussi G2, ont su repartir de l'avant.

Alors oui, tout n'est pas encore tout rose, évidemment. Vitality perd toujours d'improbables rounds d'anti-éco, ne sait parfois pas comment pallier une méforme passagère de ZywOo, peine de temps en temps à proposer un jeu séduisant sur des maps qu'elle a pourtant choisies lors des phases de vétos. Mais en un an, elle s'est quand même hissée parmi les meilleures équipes du monde et a gravé son nom sur plusieurs coupes de prestige. C'est déjà beaucoup.

La structure Vitality a également su se démarquer. En organisant par exemple un bus de supporters à la dernière minute pour aller encourager l'équipe française à Berlin lors du StarLadder Major, ou bien en concluant un partenariat avec le Stade de France pour avoir à disposition un lieu incroyable où venir s'entraîner. L'organisation a montré qu'elle s'intéressait à l'écosystème Counter-Strike. Cet aspect est important aussi, pour la communauté, pour les fans, pour les investisseurs.

La première année est passée. Les bases ont été posées. Bien posées même. La suite s'annonce maintenant palpitante.

Le palmarès de Vitality en lan
(top 3/4 minimum)
Quelques statistiques (en lan uniquement)
DreamHack Atlanta
Minor Europe Katowice 2019
9/11. Katowice Major 2019
Charleroi Esports
cs_summit #4
Finales ECS S7
ESL One Cologne
3/4. ESEA Global Challenge S31
3/4. IEM Chicago
5/8. StarLadder Major Berlin
DH Masters Malmö

153 cartes jouées
98 cartes gagnées
55 cartes perdues
4086 rounds joués
26,7 rounds/match en moyenne

Cartes les plus jouées : Dust2 (32x), Mirage (30x), Inferno (29x)
Cartes les moins jouées : Cache (8x), Train (3x), Vertigo (3x)

37 adversaires différents affrontés
Les adversaires les plus récurrents :

  • ENCE : 16 cartes jouées (9 gagnées, 7 perdues)
  • North : 12 cartes jouées (6 gagnées, 6 perdues)
  • Liquid : 10 cartes jouées (5 gagnées, 5 perdues)

Un duel fratricide contre G2 en avril 2019 à la Charleroi Esports,
en demi-finale. Victoire de Vitality 2-1 (16-14 / 16-19 / 16-5).

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