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La DH Cluj-Napoca était-elle un Major au rabais ?

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Il y a les Majors qui restent dans les mémoires... et les autres. Forcément, en 15 éditions, certains tournois se sont avérés un peu plus mémorables. Alors que le 16ème Major de CS:GO se profile, retour sur le 7ème, qui se conclut il y a presque six ans jour pour jour et alimente depuis les débats historiques : la DreamHack Cluj-Napoca était-elle vraiment un Major au rabais ?

Oui, parce qu’elle était beaucoup trop rapprochée du Major précédent

66 jours entre la fin de l’ESL One Cologne, 6ème Major, et le début de la DH Cluj-Napoca, 7ème événement du même genre. À peine plus de deux mois, un délai ridiculement court. Une semaine seulement après la victoire de fnatic en Allemagne, le voyage en Roumanie était annoncé, brisant instantanément tout le suspense qui aurait pu lentement infuser à partir de septembre.

À une époque où les lans commençaient à s’enchaîner tous les week-end, intercaler un Major au forceps, en plein milieu du calendrier, fut loin d’être une idée très maligne de la part de Valve. Elle obligea même l’ESWC, qui avait prévu d’organiser son rendez-vous annuel le même week-end, à revoir tous ses plans pour transformer sa grand-messe internationale en bataille du subtop tricolore.

Un Major, c’est une hype qui monte, une tension qui apparaît petit à petit, des équipes qui commencent à disparaître pour se préparer en sous-marin. Ici, il n’y eut rien de tout ça. Le début de l’explosion des cashprizes n’arrangea pas les choses. À l’époque, les Majors n’offraient "que" 250 000 $, soit la même somme que l’ESL ESEA Pro League ou d’autres tournois du même calibre, de quoi embrouiller encore un peu plus le spectateur lambda. Bref, entre un planning déjà surchargé et des compétitions qui se ressemblent toutes, dur dur pour cette DH Cluj-Napoca de se démarquer. Ce fut d’ailleurs l’unique fois, heureusement, où deux Majors s’enchaînèrent aussi vite.

Oui, parce que de nombreux favoris se sont troués

fnatic avait remporté le Major précédent à l’ESL One Cologne et sa line-up (JW, flusha, pronax, olofmeister, KRIMZ) était alors considérée comme la meilleure de l’histoire de CS:GO. Les Français d’EnVyUs s’étaient écroulés en finale en Allemagne mais avaient ensuite bien réagi en gagnant la DH London et le Gfinity Champions. En parallèle, Virtus.pro et TSM se tiraient la bourre : les Polonais triomphaient à l’ESL ESEA Dubaï Invitational face aux Danois, ces derniers se vengeaient lors des Finales de la PGL League.

Quatre favoris pour un titre et un trône mondial. Voilà quel était l’enjeu de ce Major. Au final, combien de ces équipes ont rejoint le carré final ? Une. Seule EnVyUs tint son rang. TSM déjoua complètement en quart de finale face à des NiP pourtant bien à la peine en 2015, Virtus.pro céda face à la bourrasque G2 au même stade. La plus grosse déception fut sans doute fnatic, qui arrivait en bout de course. Pour sa dernière sortie avec son leader emblématique pronax, qui quitta l’équipe quelques jours plus tard, les Suédois se firent rouster par EnVyUs sur les deux dernières cartes de leur quart de finale, 09-16 / 16-09 / 16-02. La fin d’une époque. Et un match à quatre qui n’eut jamais lieu à Cluj.


Dernière apparition ensemble pour olofmeister, pronax et JW

Oui, parce que Titan s’est encore raté en poules

Bon, là, c’est du pur chauvinisme, mais quand même. Titan joue NiP en match décisif de poule. Titan mène 13-06 sur Cache, la map choisie par son adversaire. Titan encaisse une éco. 13-07. Et c’est la fin.

C’est la fin parce que le reste de la rencontre sera une autoroute. NiP remonte, gagne Cache 16-14 puis enchaîne sur Dust2 face à des Titan qui jouent l’écran éteint, 16-01. La formation qui a fait couler tant d’encre, autant par ses performances que les malheureuses frasques d’un de ses joueurs, ne le savait pas encore mais disputait là son dernier Major. Bilan : aucune sortie de poule en cinq participations, alors que ce match décisif contre NiP semblait si bien embarqué cette fois-ci. Mais bon, du coup, si chaque Major où Titan sort en poules est au rabais... on n'est pas sortis de l'auberge.


RpK a vite trouvé du réconfort

Oui, parce que le public ne répondit pas vraiment présent

Il y a bien les images des fans agglutinés autour des box après les matchs tendus des play-offs, ou celles de l’arène relativement pleine pour la finale. En dehors de ces quelques instants, difficile de dire que l’ambiance fut inoubliable en Roumanie. Après la bouillante Lanxess Arena de Cologne, la transition fut compliquée.

Était-ce la Roumanie, moins accessible que l’Allemagne ou même la Suède pour de nombreux supporters ? La ville de Cluj-Napoca, moins adaptée que la capitale Bucarest pour accueillir un événement d’une telle envergure ? Le manque de hype général autour de cette édition ? L'incendie dramatique d'une boîte de nuit de Bucarest survenu à la même période que le Major, qui a refroidi l'ensemble de la vie festive et événementielle du pays pour quelques temps ? Peut-être un peu tout ça réuni. Quoi qu’il en soit, les quelques hurlements de spectateurs courageux se heurtèrent à une salle bien peu remplie la majorité du temps.

Non, parce qu’EnVyUs a gagné et le méritait

Chauvinisme bis, mais quand même : EnVyUs devait gagner un Major après la désillusion de Cologne et cette Dust2 cauchemardesque lors de la finale contre fnatic. Les Français réussirent à se venger avec brio, même si la préparation fut des plus chaotiques. "On allait split, et on a gagné le Major", résumait encore récemment kennyS, rappelant à quel point l’ambiance interne était détestable avant la compétition, l’équipe ne réussissant même plus à s’entraîner.

Mais en Roumanie, la lumière se rallume et EnVyUs résiste à tout. À Dignitas et Na’Vi en poule, au baroud d’honneur de fnatic en quart, à la folie de G2 en demie, à la soif de revanche de Na’Vi en finale. Happy, NBK et kioShiMa soulèvent leur deuxième Major après quatre jours intenses, apEX et kennyS accrochent le Graal à leur palmarès. Le cinq n’est pas vraiment ressoudé quand on sait les soucis qu’il connaîtra ensuite, mais il est entré dans l’histoire.


Quelques supporters d'EnVyUs dans la fosse. Derrière, les gradins sont bien clairsemés

Non, parce qu’il y eut quand même de sacrées rencontres

Oh oui, il y eut des matchs de haute volée. G2 y mit tout son cœur, offrant une belle bataille pour sortir des poules contre mouz (19-16 / 12-16 / 16-05), un duel rageur face à Virtus.pro en quart (16-10 / 19-17) et une demi-finale d’anthologie face à EnVyUs (16-10 / 21-25 / 07-16), peut-être la plus belle de toute l’histoire des Majors. Il y eut également les Brésiliens de Luminosity qui montaient en puissance et poussèrent Na’Vi dans ses retranchements en play-offs (14-16 / 13-16), la remontée de NiP contre Titan en poules (16-14 / 16-01), la destruction chirurgicale de ces mêmes NiP par Na’Vi dans le dernier carré (03-16 / 06-16). Sans oublier la première map de la finale, une Train qui retint en haleine la scène jusqu’au dernier kill du 30ème round.

Alors oui, en termes de niveau de jeu et de spectacle, même sans trop de public, ce fut un beau Major.

Non, parce que kennyS et GuardiaN ont été magistraux

Qui dit sacrées rencontres dit forcément sacrés joueurs. Et ces deux-là furent monumentaux. kennyS et GuardiaN démontrèrent tout leur talent souris en main lors de cet événement, enchaînant les coups d’AWP dévastateurs et les wallbangs improbables. Le duo se retrouva en finale où le Français, en remportant l’ultime 1vs1 sur Train face à son rival, scella le sort de la carte et même de toute la rencontre tant Na’Vi ne répondit ensuite plus sur Cobblestone.

Au niveau statistique, GuardiaN finit le tournoi deuxième meilleur joueur et premier entry fragger, au cours de ce qui fut sa meilleure saison sur CS:GO, conclue par une médaille d’argent dans le top 20 HLTV de fin d’année derrière olofmeister. kennyS, quatrième en individuel à Cluj, reçut la médaille de MVP du Major. Quand de tels phénomènes sont en forme, il faut simplement se taire et regarder.

Non, parce qu’il a permis à certains d’émerger

Si les favoris se sont ratés, les outsiders ont cartonné. Deux en particulier ont profité du Major pour exploser : Na’Vi et G2. Le premier était évidemment loin d’être inconnu mais ne s’était jamais hissé aussi haut sur CS:GO. Cette finale de Major, atteinte après avoir battu Luminosity et NiP en play-offs, agit comme un électrochoc pour Na’Vi. Dans les six mois qui suivirent Cluj, l’équipe de l’Est gagna autant de tournois qu’en trois ans précédemment passés sur le jeu, puis atteint une nouvelle fois une finale de Major (encore perdue) à la MLG Colombus.

Côté G2, le résultat final fut presque décevant, alors que personne n’aurait pourtant parié sur son top 3/4 au début de la compétition. Par trois fois, elle passa à un round de battre EnVyUs en demi-finale. Par trois fois, les Français sauvèrent les meubles et finirent pas l’emporter. Mené par le duo suédois Maikelele - dennis, ce cinq international, descendant de Kinguin, réunissait également rain, trop isolé sur la scène norvégienne, fox, représentant du Portugal, et jkaem, débarqué un mois plus tôt et qui réussit l’une des meilleures performances de sa carrière à Cluj.

Si G2 peut nourrir des regrets tant la finale semblait proche, son parcours a tout de même prouvé au monde de Counter-Strike qu’une line-up mêlant plusieurs nationalités pouvait fonctionner. Ça paraît logique aujourd’hui mais à l’époque, ça ne l’était pas tant que ça.


dennis sera recruté juste après le tournoi par fnatic pour remplacer pronax.
Cette nouvelle mouture suédoise remportera ses six premières lans !

Enfin, citons Luminosity, qui conserva son statut de Légende acquis à l’ESL One Cologne précédent en s’imposant contre Cloud9 et fnatic en poules. Les Brésiliens échouaient ensuite d’un cheveu en quart contre Na’Vi, 14-16 / 13-16, mais ils avaient pris rendez-vous pour l’avenir. De retour chez eux, ils échangèrent boltz et Steel contre TACO et fnx, puis revinrent en Europe pour terminer, à la surprise générale, deuxièmes aux Finales FACEIT League. L’année suivante, ils s’emparèrent des deux Majors et filèrent chez SK Gaming, l’une des structures les plus célèbres de la scène. Une bien belle ascension.

Non, parce que Valve s’est un peu plus remué que d’habitude

Un peu, parce que Valve a fait des vidéos. Des portraits de joueurs, bien sympathiques à regarder, qui occupaient les pauses entre deux matchs et permettaient d’en apprendre un peu plus sur les concernés. Ce n’est pas grand-chose, mais c’était le petit bonus du Major, qui sera d’ailleurs reproduit à la MLG Colombus puis à l’ESL One Cologne 2016. Et le rappel que l’éditeur du jeu était bien présent dans l’ombre, pour démontrer que cette DH n’était pas tout à fait comme les autres du circuit.


Tous les portraits réalisés pour ce Major sont disponibles ici

Non, parce que la PGL a assuré

Montrer le replay des actions que le direct a ratées, incruster des statistiques du match en cours sur le HUD, afficher les têtes des joueurs en live à côté de leur nom... Tout cela est maintenant connu et répandu. Quasiment tous les organisateurs le font. En 2015, c’était tout nouveau. Et c’était la PGL qui se décarcassait pour trouver toutes ces innovations.

Acclamée pour sa réalisation lors de ses événements, l’entreprise roumaine eut la charge de cet aspect du Major. Et elle releva le défi avec brio, instaurant des fonctionnalités désormais considérées comme standards dans l’industrie. Que nous réservera le PGL Major Stockholm en matière de nouveautés techniques ? Réponse dans 8 jours !

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