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(1/2) L'abécédaire de la décennie Counter-Strike

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La fin de l'année 2019 clôt aussi la décennie 2010. 10 ans qui auront radicalement transformé l'écosystème Counter-Strike. Début 2010, les fans se divisaient entre traditionnalistes adpetes de 1.6 et séparatistes fans de Source. La licence CS était en perte de vitesse nette, effacée par les nouveaux blockbusters qu'étaient Starcraft 2 et League of Legends. 10 ans plus tard, Counter-Strike est redevenu un incontournable de l'esport et a éclipsé la plupart de ses concurrents à l'exception des MOBA DotA 2 et LoL. Alors quoi de mieux qu'un petit récap' de la décennie pour décuver votre vodka bon marché et digérer les toasts à la mousse de canard ?

  • A comme Arctic Warfare Police

Existe-t-il une arme plus mythique que l'AWP sur CS ? De par son prix, son poids et sa difficulté d'utilisation, elle représente le pinacle des armes exigeantes sur le jeu. Un fait qui n'empêche pas votre coéquipier russe de vous demander poliment de lui en acheter une à chaque début de round malgré sa nullité évidente. Mais, une fois maitrisée, son impact en fait l'outil des légendes, de markeloff à s1mple en passant par device ou kennyS. Ce dernier entretient d'ailleurs une relation toute particulière avec le Magic Stick, en tant que responsable majeur de son nerf en 2015. En effet, ce fut en cette année funeste pour le sniper français que Valve décida d'affaiblir grandement le fusil vert, au grand dam de ses aficionados.

Un recul temporaire lorsqu'on voit à quel point les esthètes de la lunette dominent aujourd'hui le jeu. De fait, selon toute probabilité, ce sont 3 snipers qui devraient se partager le podium du meilleur joueur de l'année 2019 chez HLTV, ZywOo, device et s1mple. Trois joueurs et trois styles différents, preuve de la versatilité et du renouvellement constant autour de l'AWP, arme centrale du jeu depuis 10 ans.


Combien d'armes possèdent des vidéos de 25 minutes sur leur histoire ?

  • B comme Beta Version

Le 30 novembre 2011 fut une date à marquer d'une pierre blanche dans l'histoire de Counter Strike : c'est ce jour-là que la version beta de Global Offensive fut lancée. Une version uniquement disponible sur PC, avec deux cartes, de_dust et de_dust2. Dans un premier temps fermée, la beta s'ouvre ensuite au grand public au début de l'année 2012. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que ces premières versions furent loin de faire l'unanimité : mécaniques de mouvement étranges, sprays ingérables, feeling des armes absents, la plupart des joueurs se montrent critiques. Un brouillon qui sera très largement remanié au moment de la sortie et qui continue, encore aujourd'hui, d'évoluer régulièrement.

  • C comme Cologne

Évoquez la ville de Cologne parmi vos amis et il y a peu de chances que la discussion décolle. Les plus germanophiles évoqueront peut-être la superbe cathédrale ou le Musée du Chocolat mais, a priori, votre amorce risque plutôt d'être accueillie par un silence gêné. Maintenant, évoquez la même ville auprès des fans de CS:GO, et la réaction sera toute autre. Ville hôte du troisième Major en 2014, elle devient l'antre des légendaires ESL One Cologne pour les années qui suivent.

Plus que tout autre événement autour du monde, l'ESL Cologne a réussi à conjuguer le prestige des meilleures équipes et l'excitation d'un public en feu. À partir de 2015, la compétition se déroule à la Lanxess Arena, surnommée depuis la "Cathédrale de Counter-Strike". Un terme qui en dit long sur un événement qui n'a même plus besoin d'être un Major pour être un des plus attendus de l'année.

La Cathédrale de Counter-Strike, rien que ça.

  • D comme Dust2

Dust2, LA carte de Counter-Strike par excellence. Même votre cousin pas très malin qui joue à Overwatch reconnaitrait D2 au premier regard. Pour beaucoup, elle fut la porte d'entrée vers le jeu. Pour d'autres, elle fut le lieu d'actions mythiques, un terrain de jeu unique capable de transcender les meilleurs joueurs. Parmi eux, comment ne pas penser aux francophones, historiquement à la maison dans les ruelles ensablées inspirées du Maroc. Des one-taps de ScreaM contre Luminosity aux matchs d'un SmithZz intouchable en passant par un shox divin, le drapeau tricolore s'est toujours bien accordé aux arabesques jaunâtres. Même apEX y est immortalisé, à ses dépens, sur un graffiti.

En 10 ans, la carte a connu de multiples versions. Récemment, Valve lui a donné un coup de jeune bienvenu, au détriment des cartes graphiques de nombreux adeptes. Alors oui, Dust2 est loin d'être parfaite. Parfois, les stratégies semblent quelque peu figées et on se demande encore l'intérêt de pouvoir intercepter l'équipe ennemie dès le début d'une manche par la double-porte mid. Mais ça ne change pas un fait évident et incontestable : CS, c'est D2, D2, c'est CS, ça l'a presque toujours été, et ça risque de le rester un moment.

apEX ne le sait pas encore, mais il est sur le point de rentrer dans la légende, du mauvais côté.

  • E comme ELeague

En 2016, une annonce secoue la scène CS:GO, alors en plein développement : le groupe médiatique Turner, propriétaire de la chaîne américaine TBS, décide de lancer une ligue CS qui sera diffusée en intégralité à la télévision. Pour tous les geeks qui n'ont connu que les diffusions tardives et tronquées sur Game One, c'est une avancée majeure dans la normalisation de l'esport. Et Turner ne fait pas les choses à moitié : les meilleures équipes du monde sont invitées, tout est joué en lan, commenté et analysé par des figures reconnues du circuit international.

La première saison est remportée par Virtus.Pro, qui empoche 400 000 $, un cashprize extrêmement élevé pour l'époque. La deuxième saison voit la surprise Optic Gaming dominer Astralis, alors que l'ultime itération de l'ELeague est raflée par FaZe Clan début 2019. Entre temps, deux Majors porteront la griffe ELeague : en 2017, où Astralis gagne son premier Major, puis en 2018, à Boston, avec la victoire historique de Cloud9 contre FaZe. Aujourd'hui, l'ELeague n'existe plus sur Counter-Strike mais elle aura été une artisane majeure de la professionnalisation du circuit international grâce à des moyens inédits.

  • F comme FACEIT

L'une des grandes avancées de CS:GO sur ses précédesseurs fut son système de matchmaking automatisé. Finies les recherches hasardeuses sur IRC pour trouver une équipe avec "serv on", désormais le 5v5 compétitif était la portée de tous. Un grand progrès, mais imparfait pour certains : absence de statistiques précises, niveau trop bas, serveurs en 64 ticks, etc. Pour y remédier, FACEIT, fondée en 2012, se pose en alternative avec son propre système de matchmaking. Celui-ci accompagne la mise en place progressive d'un système de ligues ouvertes individuelles permettant aux meilleurs de se démarquer.

Rapidement, FACEIT s'impose comme un acteur majeur de la scène, avec sa propre ligue online concurrençant l'ESL Pro League, les ECS. De même, le circuit FPL est aujourd'hui l'une des voies privilégiées pour se faire remarquer au plus haut niveau. La plupart des talents émergents, notamment européens, y ont fait leurs armes avant d'être recrutés par de grandes équipes : ZywOo, XANTARES, ropz, frozen, etc. Enfin, cerise sur le gâteau, FACEIT permet à tout le monde de créer sa propre ligue avec son classement et ses divisions. Le bon moment pour vous rappeler que la VaKarM League est toujours la meilleure ligue FACEIT du monde.

  • G comme GeT_RiGhT

Une légende. Tout a été dit et redit sur GeT_RiGhT, et probablement mieux que je ne pourrais le faire. Rappelons simplement que dès le début de la décennie, il se classa deux fois deuxième meilleur joueur du monde en 2010 et 2011. La transition depuis 1.6 vers GO ? Pas un problème pour lui, puisqu'il truste la première place du podium en 2013 et 2014, avant de rentrer dans le rang.

Alors oui, sa décennie ne s'est pas terminée comme elle avait commencé. S'il marchait sur le monde chez fnatic, SK puis Ninjas in Pyjamas, GeT_RiGhT a ensuite souffert sur le plan individuel et collectif. Une santé dégradée, une structure qui abuse de ses joueurs et une équipe qui a du mal à tourner sur le serveur ont eu raison de son attachement à NiP. Un retrait qu'on espère temporaire parce que la prochaine décennie n'aurait pas la même saveur sans les lurks malins et les sprays parfaits du génie suédois.

Moins dominant qu'en 2012 et 2013, GeT_RiGhT doit attendre 2014 et l'ESL One Cologne
pour glaner son premier Major sur CS:GO

Fondé en 2004, HLTV.org reste, après plus de 15 ans d'activité, la référence incontournable de l'actualité Counter-Strike. Malgré un design longtemps archaïque (et on serait mal placés pour lui reprocher), le site représente probablement la base de données la plus complète sur le jeu. Idéal pour suivre les compétitions et l'actualité, regorgeant de statistiques cachées, en progrès constant sur le fond et sur la forme, HLTV.org est tout simplement indispensable. Son rating, aujourd'hui en version 2.0, continue d'être, en dépit des critiques, l'une des métriques majeures d'évaluation des joueurs. De même, aucun autre classement n'attise autant les discussions que son Team Ranking et son top 20 des joueurs de l'année.

Certes, ses forums sont des caniveaux immondes capables de consumer un cerveau en un temps record. Mais c'est un maigre prix à payer pour ce site fantastique et central dans l'histoire du jeu. Un rôle à part reconnu par Valve, puisqu'en 2019, le site a été intégré dans l'interface même du jeu pour pouvoir suivre les grands tournois et les Majors.

  • I comme Inflation

La croissance économique rapide de la scène internationale a vu une inflation galopante des salaires de joueurs. Payés quelques centaines d'euros pour les plus chanceux d'entre eux au début de la décennie, les meilleurs joueurs négocient désormais des salaires mensuels à cinq chiffres. De même, certains montants de transferts, quoiqu'encore éloignés des délires footballistiques, commencent à faire tourner la tête. On pense notamment à l'arrivée récente du Brésilien coldzera chez FaZe pour une somme annoncée autour du million de dollars. À première vue, ce sont là d'excellentes nouvelles, signe que la scène se développe.

Sauf que non. Nombreux sont ceux qui ont annoncé que l'écosystème CS:GO est une bulle géante. Aucune structure ne gagne de l'argent et toutes continuent d'augmenter leurs dépenses, au premier rang desquelles figurent les salaires des joueurs. Elles sont lancées dans une course aux enchères, accélérée par l'internationalisation des compositions, en espérant que le modèle finisse par devenir rentable. En attendant, leur activité repose essentiellement sur les investissements de business angels et sur l'accumulation de dettes en prévision de jours meilleurs. Ainsi, en cette dernière semaine de 2019, on a appris que fnatic, structure majeure et mythique sur Counter Strike, avait fini l'année dernière à 5,4 millions de dollars de pertes, qui poussent la dette du club à plus de 22 millions de dollars. Tout va bien. 

  • J comme Jönköping

Si vous nous suivez de près, vous devez être incollable sur Jönköping. En effet, cette ville sans histoire du sud de la Suède fut le théâtre, fin novembre 2013, du premier Major de l'histoire de CS:GO. Une compétition mythique qui a vu les outsiders fnatic disposer des grands favoris de chez NiP. Un an plus tard, au même endroit, un nouvel exploit historique est signé avec la première victoire française en Major, grâce à LDLC.

Malheureusement, depuis, la DreamHack Winter a perdu de son lustre. Éclipsée par les DreamHack Masters, elle s'inscrit désormais dans le circuit Open. Cela n'empêche pas la DH Winter de conserver son statut de Mecque des fans CS avec son tournoi BYOC auquel ont pris part les Indyspensable de Zerator et NBK cette année, avec un parcours superbe et une deuxième place finale à la clé.

  • K comme kennyS

Commençons par un fait : kennyS est le meilleur sniper de l'histoire de CS:GO. Même lors de son creux en 2016, il se classait encore 13ème meilleur joueur du monde selon HLTV. Et il aura fallu que la scène française s'écroule complètement en 2018 pour qu'il ne figure pas dans le classement. Pour le reste, il n'a pas raté une année et est aujourd'hui le joueur pro avec le plus de frags enregistrés sur HLTV, preuve de sa longévité sans égal. Une régularité qui lui permet de dépasser tous ses concurrents : ni JW, ni GuardiaN, ni FalleN, ni même device n'ont snipé avec la constance de kennyS. Et il faudrait encore des années aux s1mple, ZywOo et autres CeRq pour espérer approcher sa résilience.

Mais plus encore que cette longévité, kennyS, c'est un style agressif, virevoltant, spectaculaire. Lorsqu'il était au sommet de son art, chez Titan en 2014 et 2015, il a atteint des sommets dont on ignorait l'existence. Capable de maintenir à flot une équipe en déliquescence face aux meilleurs adversaires, kennyS était alors inarrêtable. Un niveau surhumain qui fera dire à olofmeister qu'il était le seul joueur qu'il craignait affronter. S'il est un des rares à l'avoir avoué en public, on se doute qu'il n'était pas le seul dans cette situation tant les meilleurs snipers avaient tendance à se liquéfier face à l'artiste français.

  • L comme LDLC

LDLC, quatre lettres mythiques dans l'histoire de la scène française. Déjà présente sur 1.6 dans l'ombre de Millenium et BURNING!, LDLC prend une nouvelle dimension avec la sortie de CS:GO. Après deux premières compositions intéressantes, elle bénéficie du shuffle de la rentrée 2014 pour récupérer les joueurs qui vont l'emmener sur le toit du monde : Happy, shox, kioShiMa, SmithZz et NBK. Un cinq pour l'histoire qui va gagner le premier Major français de l'histoire, lors de la DreamHack Winter 2014 évoquée précédemment.

Malheureusement, la structure ne peut pas lutter financièrement avec les géants qui arrivent sur CS:GO et se voit rétrogradée dans le subtop après le transfert de ses joueurs vers EnVyUs. LDLC devient alors une équipe formatrice, une usine à talents qui voit passer les joueurs les plus prometteurs de la scène française : xms, DEVIL, bodyy, to1nou, AmaNEk, ALEX ou encore LOGAN ont tous étrenné le maillot au renard avant de monter à l'échelon supérieur. Un tag mythique aujourd'hui en difficulté après une année 2019 catastrophique. On ne peut qu'espérer un rebond rapide parce que la scène française ne serait pas la même sans LDLC.


Les fans suivaient LDLC à la DH Winter 2014. Les vrais fans suivaient LDLC.White en 2015.

  • M comme Majors

Aaah les Majors. Introduits fin 2013 par Valve, ils structurent depuis la saison de CS:GO, événements centraux de tout un écosystème. Une quinzaine d'éditions et au moins autant de moments mythiques : du boost interdit de fnatic en 2014 contre LDLC à la brochette en l'air unscoped de coldzera à Colombus, en passant par le double noscope de s1mple contre fnatic, on ne compte plus les actions mythiques, parfois immortalisées par un graffiti dans le jeu. Bien qu'inférieurs à d'autres tournois en termes de cashprize ou de qualité du plateau, les Majors représentent l'aboutissement de toute une carrière pour la plupart des joueurs. Un prestige accru par le parcours du combattant que représente une qualification au tournoi final, avec des tournois en ligne semés d'embûches et des Minors de plus en plus relevés.

Les enjeux sont aussi économiques depuis l'introduction de caisses spéciales et de signatures de joueurs qu'il est possible d'acheter et d'appliquer sur ses armes. Une entrée d'argent majeure qui est directement reversée aux joueurs. Tout récemment, Valve a annoncé que le prochain Major se déroulerait, pour la première fois, hors d'Europe et d'Amérique du Nord. En effet, c'est la ville de Rio qui a été désignée pour accueillir les meilleures équipes du monde en mai 2020 et inaugurer la nouvelle décennie.

C'est tout pour cette première partie de l'abécédaire de la décennie Counter-Strike. Retrouvez les lettres N à Z dans la deuxième partie.

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