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J'aurais voulu être manager

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Page 1: Le rôle du manager

Derrière de grandes équipes se cache toujours un homme de l'ombre. Être manager, c'est plus que passer des heures debout à regarder son équipe jouer en lan. Certains jours il est le meilleur ami, d'autres le pire ennemi. Il est là aussi bien dans les moments joyeux que dans les moments de faiblesse. Il est le gardien de la cohésion de l'équipe. La vie au sein d'un effectif est loin d'être un long fleuve tranquille. Manager, un rôle encore trop sous-estimé ?

Le management : un point clé dans la réussite de votre équipe

La fonction de « Manager » associe deux notions fondamentales. En premier lieu, il s’agit de l'organisation d'une équipe, de la gestion des plannings, des matchs d'entraînement, et la planification et l'encadrement des voyages en lans. D'autre part, il y a l'aspect humain. Par "humain", entendons la relation entre les joueurs. Il est primordial d'essayer de créer une forme de symbiose entre les joueurs. N'écartez pas ce point, c'est pour cela que nous allons le développer ici. Que vous soyez dans une petite équipe ou une écurie tendant à devenir professionnelle, une personne est toujours là pour s'occuper de toutes ces tâches. La plupart du temps un ou des joueur(s) se charge(nt) de tous ces à-côté, mais dans les équipes professionnelles, une personne y est entièrement dévouée.

niak DreamHack
Au second plan, Jérôme "Niak" Sudries, manager des Titan

Dans cette partie, nous allons détailler différents concepts. Déjà, nous pouvons distinguer deux aspects du jeu d'équipe ou "team play" :

- Relationnel : Cette notion est totalement externe au jeu, mais a un impact direct en match. Comme dans de nombreux sports d'équipes tels que le foot, si les joueurs ne s’entendent pas, la qualité du jeu produit n'en sera que plus faible. Il faut à tout prix que les joueurs soient sur la même longueur d’onde.

- Stratégique : Inutile de s’attarder sur cet aspect, il repose essentiellement sur l'intelligence de jeu. Il est principalement représenté par le leader de l'équipe, mais aussi par les joueurs. Le degré d'implication des joueurs dépend du type de lead qu'il y a dans votre équipe. Un excellent dossier fait par Aks approfondit cette notion: « j'aurais voulu être lead in game ».

Au fil des années, différents profils sont venus se greffer sur certaines équipes. Deux se dégagent : le coach gérera l'aspect stratégique de l'équipe tandis que le manager s'occupera du relationnel entre les joueurs et de l'organisation logistique.


Je vais vous parler de mon expérience. Beaucoup de choses nous séparent de la réalité, je ne peux pas juger les choix que d'autres ont fait. Je vais donc revenir sur mes choix, mes erreurs sur mes différentes équipes. Des grands noms prendrons la parole également plus loin dans l'article.

Le ciment de l'équipe : là est toute la définition d'un manager. C'est littéralement le sixième joueur. Il est diplomate, il comprend quels sont les problèmes rapidement. Chaque manager a son propre style. Moman, manager des LDLC White, est connu pour son extravagance contrairement à Niak qui est plus conventionnel avec ses joueurs.

Par exemple, avec l'ancienne équipe Asus RoG, le mois de septembre a été très compliqué pour nous. L'impossibilité de jouer en raison de la reprise des cours, une ambiance en berne, un tournoi où nous nous sommes fait éliminer sèchement font que des joueurs se sont demandés s'il ne vaudrait peut-être pas mieux arrêter là. Un manager est très utile dans ces situations, il faut avoir la tête sur les épaules, poser les bonnes questions et ne pas prendre de décisions précipitées. Une semaine plus tard nous nous qualifions à l'ESWC.

Un manager aux petits soins

Bien entendu, la plupart des équipes n'ont ni manager ni coach, quelques unes ont les deux. Par exemple, Geekory est le manager des LDLC Blue mais LLO est la coach. Dans d'autres, une personne externe endosse les deux casquettes. Le manager est là pour gérer les problèmes des joueurs et ainsi qu'ils se focalisent un maximum sur le jeu.

Prendre du recul

 L'avantage d'un manager, c'est qu'il saura prendre du recul facilement et ainsi pouvoir donner son avis sur les choix de l'équipe. La précipitation, les prises de décisions hâtives ne sont pas les meilleurs moyens d'arriver à vos buts. Pour vous donner un exemple concret, lors du scandale Epsilon en février dernier, j'étais alors le manager de l'équipe depuis deux mois, nous devions faire un choix. Comme l'avait dit GMX :

"fxy0 et moi ne pouvons plus jouer ensemble, nos attitudes ne s'accordent pas. En dehors du jeu il n'y a aucun problème mais in game c'est l'enfer pour toute l'équipe."

Il fallait donc faire un choix entre GMX et fxy0. Le niveau de GMX était en dents de scie à l'époque et son lead n'était pas des plus expérimentés. Le fxy0 qu'on me décrivait avant que je ne rentre dans l'équipe n'était plus aussi impulsif. Après de multiples discussions avec le sniper, il me semblait s'être remis beaucoup en question. Etre manager, c'est aussi être à l'écoute de ses joueurs. Après une semaine de réflexion avec la complicité de la structure, nous nous étions accordés pour remercier GMX.

Le scandale a éclaté peu de temps après et nous ne saurons jamais si ce choix aurait pu être judicieux ou non pour l'équipe, mais ce qu'on peut dire ici, c'est que ce choix a été murement réfléchi.

 

Une parole partagée

Il est très important que tout le monde soit impliqué dans l'équipe. Une décision doit être prise par tout le monde. Et une parole partagée équitablement c'est mieux. Certains joueurs ne sont pas de grands communicatifs, mais il faut à tout prix demander leurs avis, leurs ressentis. Une décision ne lui convient pas, très bien, il faut qu'il l'exprime. Au contraire, certains joueurs sont capables de vous faire changer d'avis facilement. Ce sont de très bons communicatifs. Faites simplement la part des choses et posez vous cette question : quel est le meilleur choix pour l'équipe ?

En jeu

 N'ayant pas forcément de connaissances poussées dans le jeu, le manager sera là pour cadrer les joueurs sur la communication, leurs attitudes. Il est là pour gérer les débordements. Un joueur a peut-être passé une journée difficile, il n'est pas au top de sa forme lors d'un pracc, il exprime son mécontentement. Quelques messages lui feront prendre conscience qu'il fait des erreurs et qu'il doit prendre sur lui. Il est même parfoit utile d'arrêter de s'entrainer si vraiment le comportement d'un joueur n'est pas à la hauteur. Après tout, ce n'est qu'un pracc.
 

Il est important d'organiser des débriefs après chaque soirée. Des débriefs entre chaque round n'est pas une solution viable. Parler des erreurs, des succès aussi, ne peut qu'être bénéfique. Partez du prinpice que le jeu ne se finit jamais. Avoir la connaissance parfaite du jeu n'existe pas. La remise en question perpétuelle est votre moteur qui vous permettra d'avancer. Le manager apporte une vue d'ensemble mais qui peut avoir une importance lorsque les joueurs jouent plusieurs heures d'affilées.

LDLC White Moman: Avoir une équipe à manager, à coacher n’est pas chose facile. Gérer cinq personnes différentes qui ont des vies, des égos, des caractères différents n’est pas si évident. Si vous avez déjà été en équipe, vous avez vite remarqué que chacun a sa propre manière de jouer et sa propre expérience qu’il s’est forgé au fil des mois. Donc, selon moi, savoir gérer et faire cohabiter différents  joueurs au sein d'une même équipe est un point clé.
Moi, en jeu, j’essaie de donner un regard extérieur aux divers problèmes que rencontre l’équipe. J’ai eu tout de même une bonne expérience sur 1.6 d’un jeu en équipe ce qui me permet de donner mon avis sur les différentes tactiques que l’équipe adopte. Mon expérience en tant que joueur m’a permis de rencontrer pas mal de problèmes et de les gérer aux mieux pour mon équipe actuelle. Pour moi, un manager peut être coach s'il a un passé de joueur. Avant la Dreamhack Winter 2014 où nous sommes sortis victorieux avec l’ancienne line-up LDLC, nous avions organisé un bootcamp. Des tensions sont alors apparues dans l'équipe. Des joueurs se sentaient pas si biens dans le groupe. Nous avons dû organiser une réunion pour mettre les choses à plat. Il faut communiquer et être honnete envers les autres joueurs afin de souder l'équipe et d'éviter un split qui aurait été inévitable avant même le major. Et vu tous les problèmes qu’il y a eu lors de cet événement , il fallait bien que l’équipe soit sur la même longueur d’onde. Une victoire se gagne sur des détails et une personne extérieure est plus à même de les corriger.

 

Cohésion

Comme nous en parlions plus haut, il est bon d'avoir une cohésion d'équipe. Les joueurs et vous-même doivent créer des liens d'amitié. Ne serait-ce que pour comprendre les problèmes personnels des uns et des autres, et ainsi mieux comprendre leurs attitudes en jeu. Un joueur qui se connecte juste pour les praccs n'a tout simplement pas sa place dans une équipe compétitive. Chacun des membres de votre équipe est différent, une éducation différente, une vie différente, il faut apprendre de tout ça.

moman ldlcMoman lors de la finale de la DreamHack Winter 2014

Pour renforcer la cohésion, les bootcamps sont très bénéfiques. Il est bon de ne pas se concentrer exclusivement sur le jeu. Certes un bootcamp, c'est jouer intensivement mais se divertir ensemble est aussi un choix judicieux. Une sortie au cinéma, un concert, un bar... permettent de faire un break et d'apprendre à connaitre les autres. Quand on regarde les équipes très stables, on remarque que ce sont des amis avant tout. Virtus.Pro en est un bon exemple.

Dans les jeunes équipes, lorsque vous ne connaissez pas assez vos coéquipiers, il faut absolument réfléchir à ce que vous dites. Les réactions peuvent être brutales si c'est mal compris. Il est souvent difficile de parler après une défaite. Il est inutile de pointer les erreurs de chacun dans un débrief collectif. Il faut éviter de diviser l'équipe. Une défaite peu être très bénéfique. Une forme d'électrochoc se crée si elle est bien appréhendée.

Je vais vous parler du cas de Storen qui a été le leader durant la période faste de Platinium. Il n'y avait rien à lui reprocher sur le "gameplay", une bonne intelligence de jeu, des bonnes redirections, une connaissance parfaite des stuffs. Le problème vient quand Storen s'est donné corps et âme dans le streaming. Il n'était plus assez présent pour la team. Il s'énervait de plus en plus en jeu. En décembre dernier, le courant ne passait plus avec les autres joueurs. Il a été contraint de quitter l'équipe.

LDLC Blue Geekory: La cohésion d’équipe est une construction et non pas seulement une affaire du bon vouloir. Jouer à haut niveau nécessite de passer du temps ensemble. Quand des personnes, et surtout quand elles ne se connaissent pas, sont amenées à collaborer ensemble, des tensions "naturelles" s’installent. Il faut donc construire un esprit d’équipe où il fait "bon vivre".
 
Passer du temps en dehors du jeu est un réel besoin afin de faciliter cette cohésion. Nous essayons avant chaque événement de passer quelques moments ensemble. Nous nous rassemblons si possible avant chaque LAN afin de renforcer ses liens avec un resto, parc d'attraction ou simplement aller prendre un verre. La DH Tours et la qualification ESWC Montréal ont été un échec total pour nous. Aucun changement prévu, aucun doute sur notre équipe. Les fondations étaient solides. Nous avons ajouté un peu plus d'abnégation dans ce cocktail ce qui nous à permis de retrouver le goût de la victoire lors de la PGW.

"Nous gagnons ensemble, nous perdons ensemble, Nous ne faisons qu'un" 

 

Un équilibre

Le manager fait le lien entre les joueurs et la structure. Le travail du manager fourni pour l'organisation dépend de son envergure et du niveau de l'équipe. Le manager des Deadpixels n'a pas le même travail envers sa structure que Next envers EnVy, et c'est normal. Il existe un certain décalage entre les joueurs, leurs visions, et celle d'une organisation. Le manager est là pour créer un équlibre. Il influence l'une ou l'autre partie pour que la relation se passe au mieux.

La structure doit être là pour porter ses joueurs, permettre que les joueurs s'accomplissent dans le jeu. La structure n'est en aucun cas spectatrice, aussi bien dans la défaite que dans la victoire. Elle apporte une confiance et une sérénité à ses joueurs. Sans entrer dans l'excès, la seule pression que doit avoir l'équipe est celle du résultat.

EnVyUs Next: Créer un équilibre entre la  structure et les joueurs est une des choses les plus compliqués après la gestion humaine. Il faut arriver à concilier les demandes des joueurs avec les attentes de la structure, faire le tampon entre eux. Le manager veut le mieux pour les joueurs sans pour autant délaisser les attentes de la structure. Un exemple qui peut être assez simple, cette année, nous avons fait beaucoup de LAN et nous avons décliné quelques invitations de compétitions où Envy aurait voulu nous voir jouer, c’est à ce moment là qu’il faut que le manager pèse le pour et le contre, en discute avec les joueurs, et explique tout cela à la structure en trouvant les bons arguments, chose pas toujours évidente. Certaines situations peuvent vite déraper si l’on ne reste pas attentif.

 

Conclusion

Pour conclure, être manager c'est avoir la main dans tous les domaines, sauf celui du jeu et de la stratégie. C'est par exemple savoir quel est le meilleur transport pour aller de l'hôtel à la lan. C'est conseiller la communication des joueurs sur les résaux sociaux. Une équipe est avant tout un groupe qu'il faut accorder, coordonner pour que les joueurs ne se concentrent que sur le jeu et non sur leurs billets de train pour le prochain événement.

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