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Histoire & analyse du moviemaking - Partie 1

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Après des années de vidéos CS:S, nous vous proposons aujourd'hui une petite rétrospective d'un domaine qui a pris énormément d'ampleur au fil du temps. De 2005 à aujourd'hui, nous aborderons les différentes évolutions et mutations qu'a pu subir cette discipline, des premières vidéos dites old school jusqu'aux clips overedited, en passant par ce que nous appellerons, les movies pure content.

NDLR : Ce dossier est réalisé de mon propre point de vue, c'est-à-dire celui d'un ancien joueur converti au moviemaking il y a un peu plus d'un an, étant donné que je suis l'actualité de ce phénomène sur Source depuis son commencement. A noter également que les mots en italique se retrouvent dans un lexique pour les non-initiés en fin d'article.

Le moviemaking consiste à illustrer des actions de jeu (frags), avec de la musique, en y apposant ou non des effets vidéo. Il peut y avoir un sujet, un thème principal et une structure définis tout comme cela peut également être fait dans un joyeux bordel sans queue ni tête. On pourrait rapprocher cet exercice à la création d'un vidéoclip pur et simple. Et comme dans toute discipline, plusieurs styles et orientations sont notables.

 

 Partie 1 : Retour sur le moviemaking depuis ses débuts

Une entrée en matière brutale

2005 : toute première vidéo CS:S sortie. Alors que sur d'autres jeux, on peut voir des vidéos déjà bien abouties et notamment sur CS 1.6, Source se lance sur la scène avec une movie... Mais quelle movie mes amis ! Je parle bien entendu de l'unique, la vénérable et prophétique, Jd:Source. Avec un editing tout ce qu'il y a de plus basique (Windows Moviemaker, c'est dire...), le joueur américain fait étalage de ses frags. On a plus affaire à un fragshow à proprement parlé qu'une movie, mais l'effet reste garanti. Pour ma part cela a été LA révélation. Et certainement une première approche très utile pour les moviemakers naissants.

Parmi eux, on notera celui qui deviendra LE pilier du moviemaking sans qui toute une communauté serait restée à l'état de cocon. J'ai nommé Lepi. Grâce à ce dernier, le regroupement de moviemakers le plus connu et coté se formera plus tard sous le nom d'Infected Productions. Le site qui en découlera deviendra la référence numéro 1 pour suivre l'actualité, se former via des tutoriels ou juste parler entre passionnés. Sa première movie Surreal engendra 2 suites, énormément plébiscitées et appréciées encore aujourd'hui, nostalgie oblige. Avec sa nouvelle approche, il posera des bases solides qui resteront longtemps : du rock (américain, assez typé d'ailleurs), des gros frags et un editing assez travaillé autours des actions (que ce soit la playerbar ou les effets).

 

 

Les premières claques

Pendant un certain temps, peu de vidéos font leur apparition mais elles sont à chaque fois un événement attendu car seulement quelques-unes sont réellement intéressantes. Différents moviemakers ressortent de cette période comme Krogh avec son chef-d'oeuvre Danish Dynamite, Velda connu pour AllStars 2, DeadCell via les Uk+Ireland ou encore Kodiak avec ses propres vidéos. Un public commence vraiment à se créer, en même temps qu'une évolution des techniques et un editing qui va chercher plus loin. Côté français, Eyeshield se fait remarquer via ses premières vidéos bourrées d'effets, sans sujet particulier à part pour tester les logiciels et "en mettre plein la vue". Il rejoint Infected Productions au vu de ses compétences techniques. Dans un autre registre, MaLaK sort Behind French Eyes 1 & 2, devenant ainsi le 1er représentant des movies communautaires de l'hexagone, suivi de près par TOuF grâce à eGnition première du nom (une très grosse claque pour une première vidéo, tout le monde s'en rappelle) puis par impure avec sa Binomial Experience. A l'époque, il était difficile d'imaginer les bombes que ces talents naissant allaient nous pondre. Autre vidéo marquante, Source Connection de fL, qui présente des frags de top players du monde entier.

Un peu après, d'autres noms font leur apparition et pas des moindres : eNji, avec Destiny 2 ou ClaYmaN avec Incorporated, tous deux entrant dans le cercle encore assez fermé des éditeurs phares. Mais on notera surtout la naissance d'un talent avec Electric Pulse, j'ai nommé : k1u. Encore aujourd'hui, il est sans conteste l'un des meilleurs créateurs qui restera toujours atypique, tout comme peut l'être aL avec son coup gagnant nommé sYnced qui annonçait clairement le ton qu'allait prendre cette discipline : une synchro plus présente et un côté "pro" indéniable.

 

 

Petit aparté, dans la même période sort une vidéo tout simplement unique de par son traitement et son contenu. Conçue comme une chaîne de télé présentant des programmes différents, "Return of the ajnin" est, à n'en pas douter, une réussite totale. N1x1n a réussi à créer la vidéo la plus originale, la plus décalée, la plus drôle et sûrement la plus mémorable de toutes (il a d'ailleurs réalisé un commentaire audio comme l'aurait fait un réalisateur pour un bonus DVD, édifiant).


Une expansion continue

Au fur et à mesure des années, on voit d'autres teams de moviemaking se former : Pangea Movies et Ghost Pictures en tête. Niveau national, Impure nous sort ce qui restera longtemps la meilleure vidéo event, je parle évidemment de diGitalsace 2007. Peu après, Lowki nous offre sa seule et unique vidéo qui aura été un long chemin laborieux : French Touch. Furtivement, un nouveau visage apparaît en la personne de XhoK, via quelques vidéos qui font un peu sourire à l'heure actuelle. Personne ne pouvait présager que ce petit nouveau de 15 ans allait devenir le moviemaker attitré de la seule équipe professionnelle d'Europe, VeryGames. Beau parcours. On notera aussi la sortie en catimini d'Erasus par der4twu, vidéo qui aura laissé sa petite empreinte dans les mémoires. En parallèle, sur 1.6, une autre vidéo va, elle, carrément lancer un pavé dans la marre, il s'agit de Annihilation 2. De la drum'n'bass et un travail d'editing remarquable, elle sera le fer de lance du style qui deviendra prédominant sur Source, 2 ans après.

 

 

C'est de l'autre côté de la frontière que viendra la nouvelle vague du moviemaking. En effet, l'Allemagne représentée par ClaYmaN, biBa, Jok3r, slinK et quelques figures autrement plus emblématiques de cette mouvance avec kRYSTAL, wNe ou encore ny, sera le pays où le moviemaking marquera un grand tournant (irréversible ?) dans son histoire...

 

Welcome cheaters and fake frags !

Le leitmotiv ? Bigger, better, louder and cheater ! Tout est poussé à fond, que ce soit en termes de frags, d'effets ou de synchro. A l'occasion du Best Damn Round 1 organisé par le site The Movie Vault (ancien site référence pour tout ce qui est des machinimas), on assiste à une période de test. Beaucoup de styles sont abordés, en musique ou en montage, l'activité du moviemaking est en pleine gestation, le site d'Inf prod n'a jamais été aussi fréquenté, les movies sortent à la pelle mais peu sont véritablement marquantes (les meilleures étant l'indétrônable eGnition 2 de TOuF, la suite de sYnced 2 qui remporta le concours, le trailer de RpK d'Eyeshield et pour finir le dernier opus de la trilogie Destiny d'eNji). Revers de la médaille, des moviemakers de plus en plus jeunes qui manquent de maturité arrivent sur la scène et les vidéos se retrouvent être de moins en moins attractives. Elles se suivent et se ressemblent toutes pour la plupart. Des couleurs ternes, des musiques un peu plus hard, des ralentis/accélérés, une synchro deagle/awp, en gros, le style émo appliqué en vidéo. La sauce Ghost Pictures en outre.

 

     

 

En parallèle, petit à petit, un regroupement se fait remarquer avec à sa tête un dénommé biBa : Sunny Pictures. Couleurs plus chatoyantes tirant vers les bleu/vert, effets de lumières poussés, musique plus rapide (Pendulum commence dès lors à remplacer Rise Against en tête des groupes les plus utilisés), des éléments 3D plus ou moins présents mais toujours ces frags sortis de nul part, qui restent le dénominateur commun de toutes ces teams de moviemaking, exception faite pour les movies de joueurs, d'event ou de teams. En parlant de vidéo de joueur, Serp confirme son talent grâce à Dumbazo et devient l'un des nouveaux moviemakers à la mode, avec un editing classique mais très propre et carré, un style efficace qui est, je pense, le bon équilibre.

Clean edit + Bons choix musicaux + Synchro travaillée mais propre + Frags de tops = Cocktail du succès

 

Les confirmations

Pendant ce temps, les vieux de la vieille sortent ce qui sera leurs dernières vidéos : Liquefy pour eNji (avec le plus beau smooth qui m'ait été donné de voir), mTw 2008/2009 par MaLaK (l'aboutissement de sa carrière d'éditeur) et pour finir Incorporated 2 de ClaYmaN, qui imprègnera d'une manière évidente bon nombre de vidéos par la suite (à noter qu'il en sortira d'autres mais cette dernière restera sa plus travaillée). The Movie Vault remet ensuite le couvert avec la 2ème édition du Best Damn Round qui permettra de découvrir les dernières vidéos de k1u et biBa côté Source, mais aussi l'impressionnante Single gaming 3 de Mix(EP), tout comme South Easters par Cheetah : une réalisation à couper le souffle avec un travail de 3D et de compositing tout juste bluffant. D'ailleurs niveau 3D, ce concours (qui proposera un classement complètement farfelu) sera l'occasion de découvrir un nouveau talent sur la scène, à savoir Smerch. Ce dernier s'imposera par la suite comme le spécialiste des effets spéciaux, en alliant des techniques d'animations et de rendus encore jamais vus. Le contenu à proprement parler (les actions) sera le gros point négatif qui l'empêchera d'acquérir le statut d'intouchable.

 

     

 

Depuis cet période, on a atteint un stade d'accalmie assez prolongée... à part sur de rares exceptions, par exemple avec le 2ème opus d'Ex6Tenz History par XhoK, les sorties régulières de biBa ou encore le technicien Tweeday, qui possède des compétences que très peu de moviemakers peuvent se targuer d'avoir (mais c'est hélas son seul atout, la sensibilité du montage lui faisant grandement défaut).

 

 
 

Dans le futur

La maîtrise du tracking 3D commençant à devenir une chose abordable, on a pu remarquer dernièrement quelques clips prenant ce système pour effet principal, pour mettre des interfaces vivantes à l'intérieur même du jeu (similaire à Avatar pour les panneaux de contrôles) ou intégrer des textes 3D de manière optimale. Il est à parier qu'une vidéo prenant cet effet pour principe va prochainement sortir et sera le fer de lance d'une nouvelle vague de vidéo (et surtout de clips) qui suivront le mouvement. Comme on a déjà pu le remarquer avant. Une autre mouvance commence (heureusement) à devenir réellement intéressante : les movies pure content, c'est-à-dire les vidéos qui prennent pour sujet un joueur, un event, une team ou même la performance d'une team à un event. Dernier moment marquant en date, la sortie de la vidéo de la 30P Lan par MaSTaSaN. Du contenu juste ahurissant : des séquences lans comme si l'on y était et des actions de jeu de l'espace, avec des moments purement magiques (on citera le duel RattlesnK/aNGeldusT, le match Blight/30P ou encore l'action de krL des LDLC, vibrant).

 

Ainsi, dans le moviemaking, on a affaire à un système de cycle, qui se renouvelle en fonction des tendances et des avancés que certains acteurs de la scène font, via leur style, leurs compétences ou simplement leurs visions du jeu. Tout le monde peut arriver à trouver l'orientation qui lui plaira le plus, que ce soit le spectateur ou le monteur. Le temps nous permet déjà d'avoir un recul assez important sur cette discipline... ses tenants et aboutissants, les visages les plus marquants et ses moments de gloire. Une chose est sûre en tout cas, cette discipline n'est pas prête de s'éteindre, l'essor des machinimas, que ce soit dans la pub, le divertissement ou l'actualité le prouvent. Tant qu'il y aura de l'activité sur Counter-Strike:Source, des vidéos continueront à sortir, pour notre plus grand plaisir.

 

Lexique :

Old school : style de montage "à l'ancienne", c'est-à-dire une synchronisation des images et du son moyennement poussée, avec peu d'effets, peu de smooth (dit aussi travelling), ni de couleurs très recherchées, l'essentiel étant les actions. Ex: Surreal 2

Overedited : style de montage qui se veut presque épileptique et très nerveux, avec une synchro à outrance et des effets très présents. Ici, le réel intérêt tant à apprécier les effets. Ex: Electric Pulse

Pure content : vidéo prenant pour sujet un joueur, une team, un événement, avec un contenu touchant à ce qu'il a en dehors des simples frags. Ex: 30P Lan

Editing : le montage en général, couplé avec les effets vidéo.

Fragshow : vidéo qui n'a pour intérêt que montrer les actions de jeu, sans montage ni effet recherché, juste une musique servant de fond sonore, sans synchro aucune. Ex: Clutch Source

Machinima : les vidéos de jeux vidéo.

 

La suite de ce dossier sera en ligne d'ici quelques jours. 
 
Merci à XhoK pour l'aide sur cet article
 
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