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Arthur "pm" Guillermet : "La façon de jouer à CS s'est homogénéisée"

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Il a par le passé été un joueur reconnu en France, il a été par la suite coach sur une courte période avec Titan, mais aujourd'hui il semble surtout avoir trouvé la reconversion qui lui sied le mieux : celle de commentateur. Arthur "pm" Guillermet est l'une des voix françaises les plus appréciées. Entretien avec celui qui avait débuté ce rôle chez VaKarM en 2011.

Salut "le Poireau Malefique", alias pm. Qu'est-ce qui t'a amené à ce rôle de casteur ? À partir de quand t'es-tu penché sur ça ?

C'est sur ce même site que j'ai commencé lorsque vous m'aviez proposé d'épauler SPAM au cast sur un match. J'ai donc commencé autour de 2011-2012 et j'ai depuis alterné des périodes où je commentais assez intensément avec des périodes où je ne commentais pas du tout. J'ai décidé de m'y remettre au début de cette année.

On peut sans trop se tromper te définir comme un "analyste" dans le sens où sur un match tu vas plutôt nous expliquer en détails les choix stratégiques des joueurs, le déroulement d'un round et le pourquoi du comment. Est-ce que ce rôle précis était une évidence pour toi ?

Ce rôle était une évidence pour ceux qui m'ont proposé de commenter puisque j'avais une expérience de joueur, d'autant qu'à l'époque très peu de gens connaissaient la "cuisine" tactique et stratégique d'une partie compétitive sur CS. Mon éclairage sur cette partie du jeu a plutôt enthousiasmé les spectateurs, et c'est d'ailleurs ce qui m'a valu d'être contacté par Titan.

Mais la façon de commenter, quel que soit le rôle, a toujours été une évidence. C'est pourquoi j'ai toujours estimé que j'étais capable de camper n'importe quel profil de commentateur et j'ai décidé de le faire depuis le début de l'année. J'estime être tout à fait polyvalent : je suis capable d'animer et d'analyser, passant de l'un à l'autre sans aucun problème. Si bien qu'on peut, aujourd'hui, se tromper sur mon profil ;)

Justement, comment travailles-tu cela ? Que prépares-tu en amont des compétitions ? Regardes-tu beaucoup de matchs quand tu ne commentes pas par exemple ?

Ces derniers mois, je commente régulièrement donc je reste à jour facilement. Cette activité et mes études me laissent peu de temps libre pour regarder autant de matchs que je le voudrais. Mon plus grand plaisir est de découvrir de nouveaux moves, strats, principes de jeu, tricks et, surtout, de les expliquer sur le moment. Il m'arrive régulièrement de noter les rounds où j'ai vu des choses particulièrement intéressantes pour les partager avec certaines équipes ou quelques joueurs. Cela doit être une déformation professionnelle dû à mon passé de joueur, meneur, coach, analyste…

As-tu des modèles dans les casteurs étrangers ? Qui aimes-tu particulièrement, pourquoi ? Et au contraire, avec qui as-tu plus de mal ?

J'ai toujours trouvé le bagou de Day9 fascinant sans pour autant suivre assidûment toutes ses activités. Beaucoup de professionnels anglophones sont remarquables et méritent leurs places mais je trouve davantage d'inspiration chez mes homologues francophones (Pomf & Thud, Chips, FunKaDeLiC). James Bardolf est capable de proposer une analyse profonde et pertinente de CS alors qu'il n'a pas un passé de joueur compétitif, ça n'est pas rien. Et, tout comme moi, il est un défenseur de la très sous-estimée de_seaside. Ça ne passe pas avec AskJoshy et Cadian, sans que je ne puisse vraiment le justifier de manière raisonnable. 

En rapport à un topic sur notre forum où la discussion abordait la vulgarisation sur CS (ici), préfères-tu caster devant un public de connaisseurs où tu peux vraiment aller dans les détails, ou au contraire devant un public de "noobs", auquel il faudra expliquer plus de choses, revenir sur les bases ?

Mon cast se transforme selon la taille de l'audience. Plus il y a spectateurs, plus je suis pédagogue, généraliste et sérieux. Il est assez agréable de synthétiser ce qui structure les bases d'une partie compétitive de haut niveau. Et pour autant, j'estime être capable de pointer et d'expliquer une phase de jeu complexe ou nouvelle dans la metagame pour un public hétérogène.

C'est d'ailleurs ce qui caractérise mon approche du commentaire depuis toujours. Un commentateur ne peut pas être clivant, il doit être audible pour une large majorité. Cela ne veut pas dire que les gens n'auront pas leurs préférences mais ils ne doivent pas éprouver un rejet total pour le personnage. C'est un équilibre particulièrement dur et éprouvant à trouver et à faire perdurer. Ce profil rassembleur passe par l'animation, l'analyse éventuellement, mais aussi l'humour et ce que dégage la personne.

Autant jusqu'à 2013/2014 j'avais le sentiment de tenir le bon cap, autant depuis que j'ai repris le cast en 2016 et que les gens ne connaissent pas mon parcours (et c'est bien normal), j'ai lu quelques retours très tranchés voire blessants dans le chat. Il m'apparaît clair aujourd'hui que la majorité qui constituait l'audience pour laquelle j'ai pu commenter avant 2016 est passée sur les retransmissions anglophones. Je le regrette profondément.


Avec Imaginary Gaming à la Lyon-eSport 2014, pour sa première lan CSGO en joueur (interview ici)

D'un point de vue tactique / stratégique, y a-t-il une ou des équipes que tu trouves au-dessus, ou qui t'impressionnent par leur faculté à se renouveler, surprendre, etc.

Les équipes américaines bien sûr.

Plus sérieusement, il faut comprendre que la façon de jouer à CS s'est homogénéisée. Avant, on pouvait opposer des équipes comme VP et VG/Titan à NiP et Fnatic parce que les premières étaient particulièrement structurées et que les secondes avaient un jeu très simple et standard, fondé sur le feeling et les individualités. Cette époque est révolue, toutes les équipes ont su trouver un compromis entre ces deux identités et c'était indispensable (particulièrement pour les équipes strat-dependant). De sorte qu'il irait peut-être plus vite de citer les équipes qui ne participent pas à la perpétuelle évolution de la metagame que celles qui proposent régulièrement des nouveautés.

J'espère voir FaZe rentrer encore plus dans la danse avec karrigan (même si RobbaN a fait un travail de structuration qui me semble significatif). Par ailleurs, je suis ravi que NiP se soit structuré davantage depuis l'arrivée de THREAT. De même il était temps que C9 prouve que les Américains étaient capables de comprendre quelque chose à CS sans DaZeD ou un coach brésilien. Je célèbre également la mise à niveau d'OpTic Gaming. iBUYPOWER trouve ici de dignes successeurs.

Je déborde un peu la question parce que mes propos peuvent être trompeurs. Le skill est toujours la chose la plus importante et, que ce soit dans cette interview ou dans mes casts, on pourrait se laisser aller à penser que je n'en ai pas conscience. Même si ce constat me semble vrai et primordial, c'est un peu réducteur surtout pour expliquer pourquoi certains joueurs avec un aim de fou furieux ne peuvent pas rivaliser avec le top. Ce qui constitue aussi un très bon joueur est une connaissance tactique approfondie : principes de jeu, moves, tricks, adaptation sur le fil, etc.

Je ne parle pas nécessairement de la maîtrise d'une théorie stratégique mais bien d'un mélange de feeling et d'expérience qui permettent de maîtriser ce qu'on fait, de lire l'adversaire et éventuellement de le surprendre. Cela repose sur des détails et je cherche de plus en plus à expliquer la subtilité de ces éléments dans mon cast. Le jeu de fnatic et NiP a longtemps été l'incarnation de ce dont je parle. Individuellement, il faut évidemment citer shox et GeT_RiGhT.

Quelle(s) map(s) trouves-tu les plus "riches" tactiquement parlant, et les plus pauvres ? Les premières sont-elles toujours les plus intéressantes à commenter ? Que penses-tu du choix de Valve de renouveler régulièrement le mappool ?

J'estime que Cache propose un large panel de jeu, du plus simple au plus complexe et, chose rare, en attaque comme en défense. Mais clairement, j'ai l'impression de tourner un peu en rond dans mon cast, qui plus est avec les vieilles maps (Inferno à l'époque, Dust2 désormais). On trouve toujours des détails qui marquent l'évolution lente des équipes dans leur rapport stratégique et tactique avec les cartes. Voire même parfois je les attends impatiemment !

Par exemple sur d2 : l'estro dans le middle CT (avancer en feu croisé en slow) s'est significativement répandu puisque le pivot B est souvent en prise d'info à l'intérieur du B. Mais cela fait plusieurs mois que j'attends de voir l'attaque mettre quasi systématiquement une molo à rebond derrière les 2 caisses superposées du spawn CT (pose Happy ou shox). En effet, c'est souvent là qu'on trouvera le pivot A s'il décide de renforcer le mid. J'ai vu quelques équipes commencer à le faire de temps à autre, mais c'est frustrant de voir autant de coach et d'analystes dans les équipes sans que ça évolue plus rapidement :D

Il est indispensable que le mappool soit renouvelé continuellement pour oxygéner le spectacle. La rotation doit être progressive (comme en ce moment) et il faut respecter l'agenda compétitif (pas comme à l'époque de l'implantation de Cobble et Overpass). A mon sens, le cœur du débat se situe sur la question du laboratoire : est-ce qu'on fait des compétitions internationales précédant le Major les laboratoires de test de la map ou est-ce qu'on se contente du matchmaking ? Le premier cas permettrait d'avoir une version très aboutie pour le Major mais on perdrait en fraîcheur pour cet évènement qui reste la grand-messe de CS. La seconde solution donne un coup de frais au spectacle mais attention aux triple-boosts ;)

Le public a tendance à accorder beaucoup d'importance aux statistiques individuelles des joueurs, contrairement à eux qui s'en défendent justement. C'est un outil assez parlant, mais quelle importance ont ces stats pour toi ?

Pour moi, quasiment aucune. Je suis dans le concret d'une game de CS, d'autant plus que jusqu'à présent il n'existe pas de système statistique qui soit suffisamment abouti (c'était d'ailleurs l'objet d'un papier de lurppis je crois). Le scoreboard est une ignominie qui peut donner une idée grossière de la forme et de la méforme des joueurs, pas plus.

Mais il commence à apparaître quelques outils statistiques qui cherchent à quantifier la performance d'un joueur de manière plus complexe. Je m'en méfie. Quid de ses calls ? Quid de sa com' ? Quid de son rôle ? Une ouverture (simplifiée en first-kill) en contre éco est-elle identifiée comme moins importante qu'une ouverture de bp en 3t vs 5ct, si tant est qu'elle est identifiée (puisqu'elle n'est pas le FK du round) ? Celle-là même a-t-elle un sens si le round est perdu avec 4ct encore en vie? Un 1v1 remporté est-il quantifié comme tel s'il est remporté sur une vengeance instantanée d'un coéquipier qui faisait la viande en 2v1 ? etc.

Oui, pm sait aussi s'enflammer quand il le faut

Quel est ton avis sur la multiplication des ligues online et des tournois chaque week end ? Tu es amené à caster les mêmes affiches encore et encore chaque semaine voire même parfois chaque jour, comment gardes-tu la flamme et encore plus important, comment arrives-tu à faire garder la flamme aux viewers ? Te forces-tu parfois ?

Commenter les mêmes control maps, les mêmes setups, les mêmes prises de zones sur les mêmes cartes par les mêmes équipes pendant des mois représente un danger pour la santé mentale. Je repère les nouveautés et identifie les récurrences (et donc faiblesses) des équipes et des joueurs. Capitaliser tout cela en fournissant une expertise pour un joueur ou une équipe me permet de rester exigeant avec la qualité de mon cast. Je le faisais déjà sporadiquement et c'étaient de bonnes expériences. C'est pourquoi je me mets à eGG-one school.

Pour les spectateurs, j'mets le paquet pour créer une ambiance et une passion. Si je commence à me forcer, je ne tiens pas longtemps et je préfère rapidement raconter des conneries. C'est évidemment là que mon cast peut devenir clivant. Ou pas. Les gens sont plus tolérants au milieu de la nuit (les haters se couchent tôt manifestement). 

Tu castes principalement chez OGaming mais aussi plus récemment pour l'ESL où tu as couvert les finales Pro League. Tu te considères donc en freelance ?

Mon objectif a toujours été de commenter le maximum de compétitions de haut niveau. L'exclusivité pour un caster francophone de CS n'est pas souhaitable. J'ai récemment pu commenter à l'ESWC et chez ESL dans la même semaine et c'était vraiment génial. Les diverses organisations avec qui j'ai pu travailler ont été autant d'occasions de découvrir plusieurs environnements et ambiances de travail. C'est très stimulant !

Contractuellement, peux-tu nous en dire plus sur ton statut ? Arrives-tu à dégager des revenus de cette activité ? As-tu une activité principale à côté ?

Je suis auto-entrepreneur et je tire quelques revenus aussi irréguliers qu'incertains de cette activité. Sinon je suis étudiant en relations internationales.

Quelle vision as-tu de la retransmission des matchs CSGO en France ? Sur l'évolution du nombre de viewers ? Les chiffres n'ont jamais été très fous contrairement à d'autres pays voisins. Comment l'expliques-tu ?

C'est un sujet qui m'a toujours torturé. La scène francophone du commentaire de CS a toujours été particulièrement fragmentée. Je regrette les choix passés de certaines organisations (sponsors, organisateurs de tournoi, etc.) qui ont ralenti la professionnalisation du milieu, voire l'ont fait stagner. Elles n'ont pas cherché à l'unifier et ont même contribué à perpétuer cette situation en investissant de manière irrationnelle. Je ne peux pas m'empêcher de comparer 99damage à notre situation et d'y voir un gâchis. Ces décisions frustrantes ont scindé une audience déjà particulièrement réduite et ont retardé sa croissance.

J'ai lu des propos qui utilisaient ce lieu-commun d'une concurrence comme mère de qualité, sauf que depuis des années les audiences sont trop réduites pour espérer les partager tout en ayant des retransmissions de qualité. Désormais les investisseurs se placent et la logique concurrentielle prend sa pleine justification dans la mesure où l'esport explose. Il est donc aussi compréhensible que regrettable de voir perdurer cette fragmentation.

MaT et pm lors des finales ESL Pro League fin octobre

Ces investisseurs, ce sont notamment des groupes medias mainstream qui arrivent dans l'esport, comme SFR ou Canal Plus. Cela a fait beaucoup de bruit ces dernières semaines. Vois-tu ça d'un bon oeil ? Quelle analyse en fais-tu ?

Je fais partie de ceux qui estiment que l'esport se développera avec ou sans les entreprises "mainstream". Mais la question c'est à quel rythme et où. Ainsi, ces entreprises apportent des moyens, une expertise et une visibilité qui sont les catalyseurs de ce développement. En France, leurs investissements sont indispensables si on ne veut pas prendre du retard par rapport aux Américains, Coréens, Suédois,… qui ont déjà opéré cette association et qui vendent à prix d'or les droits de diffusion.

Il existe un discours latent et quelque peu réactionnaire comme quoi nous laisserions les méchants et mal intentionnés médias rentrer dans notre beau royaume. Pardonnez-moi cette lapalissade : le phénomène de l'esport n'a pas attendu les autres secteurs de la société pour pratiquer la corruption, la tricherie, le profit à tout prix, la médiocrité ou tout autre vice qui serait soit disant apporté par l'ouverture aux secteurs  "mainstream". 

Pour avoir une vraie place dans ces médias généralistes et profiter d'une tribune aussi importante que d'autres jeux, ne penses-tu pas que Counter-Strike souffre de son image violente, d'autant plus avec le contexte de notre société actuelle ? Comment éviter ces clichés ?

En ce moment même en France, CS et les autres FPS se voient fermer des portes qui sont ouvertes à d'autres jeux parce que les FPS portent une image difficile à gérer. Et on peut comprendre que dans le climat actuel des attentats, CS puisse apparaître comme un spectacle d'un goût incertain. Je ne te cache pas que je me sens quelque peu désemparé face à cette situation. Je ne me fais pas de soucis pour les Russes et les Slaves qui se contre-foutent de ce genre de questionnement, ni pour les Américains dont le puritanisme sera toujours hypocrite. Ça ne semble pas affecter particulièrement les Asiatiques. Par contre, le milieu de l'esport allemand avait déjà été confronté à une interdiction des LAN en 2009.

J'imagine qu'il faudra produire collectivement une communication immaculée et particulièrement structurée pour insister sur l'aspect compétitif de CS. De même, les communicants trouveront des ressources dans les valeurs du travail en équipe, du divertissement, de l'émotion positive partagée, du dépassement de soi, de la découverte d'autres pays et de la pratique de l'anglais.  Il faut bien comprendre que, sur un malentendu, les médias très généralistes pourraient se saisir de CS pour en faire un punching ball médiatico-politique.

Quand tu vois l'un de tes anciens coéquipiers de l'époque, Maniac, qui a réussi à se faire une place dans l'élite sur CSGO, tu n'as pas quelques regrets vis-à-vis de ta "carrière" de joueur ?

Je ne peux pas projeter la réussite de Manito sur ma propre carrière. D'abord parce que je n'ai peut-être pas ses talents. Ensuite parce que je n'ai pas vraiment su tolérer certaines grossièretés du gameplay de CS:GO comme ont pu le faire certains (Golden5 par exemple). Enfin parce que lorsque CS:GO est sorti, j'ai attendu de voir comment prenait la mayonnaise. J'ai constaté qu'il était parvenu à un niveau comparable à celui de l'âge d'or d'1.6. C'était bien mais pas suffisant, et je me suis donc investi autre part. J'attendais depuis des années que Valve voit que l'esport sur CS pouvait être un vecteur de marketing puissant, et lorsque c'est arrivé j'avais la tête ailleurs. J'ai ensuite remis les pieds dans le plat au gré des opportunités.


Mais où est pm ?

Tu as aussi eu une expérience en tant que coach chez Titan, tu es arrivé à une époque où l'équipe ne tournait pas très bien. Et cela n'a pas vraiment changé par la suite. Avec le recul aujourd'hui, considères-tu ça comme un échec personnel ? Est-ce malgré tout une expérience positive pour toi ? Si l'occasion se représente, serais-tu prêt à la réitérer ?

Titan reste pour moi quelque peu mystérieux. Il est apparu après l'échec au Major à Cologne 2014 que la composition de l'équipe n'était pas viable. Certains joueurs avaient besoin d'un nouveau souffle comme Adil (ScreaM) et Eddy (SmithZz) ou même Nathan (NBK) malgré ses excellentes performances. Deux paradoxes m'apparaissent étant donné l'actualité.

D'une part, SmithZz ne pouvait pas s'exprimer à son plein potentiel sans un AWP, ce qui est particulièrement ironique quand on voit la situation actuelle. D'autre part, Jérôme (NiaK), Kévin (Ex6TenZ) et moi étions arrivés à la conclusion qu'Ex6 devait être davantage épaulé dans la direction de l'équipe. Or, rétrospectivement et longtemps après, je me suis rendu compte qu'Ex6TenZ prenait énormément de place dans la direction de l'équipe alors même qu'il était sincèrement ouvert aux propositions et que je ne me suis jamais senti exclu, bien au contraire. Il ne m'étonne donc pas de le voir aujourd'hui assumer le monopole sur la direction d'une équipe. Je n'y vois pas un modèle mais davantage une solution qui correspond très bien à Kévin. Je me réjouis qu'il soit arrivé à la même conclusion et que sa détermination soit toujours aussi remarquable. Enfin, Nathan était particulièrement efficace mais aussi quelque peu détaché de l'équipe. Après coup, il semble évident qu'il réfléchissait à ce qui sera son émancipation de VG/Titan. Quant à Kenny il snipait très bien les bonhommes ;)

Ces éléments me conduisent à penser qu'il m'était difficile de relancer la machine avec cette composition d'équipe. Elle avait prouvé sa limite, d'où les changements juste après le Major. Et pour chacun de ces joueurs, je pense que ce fût pour le mieux. C'est évidemment ma propre vision des choses, je ne serais pas surpris qu'elle diverge de celles d'autres personnes. Toutefois, elle explique pourquoi je n'y vois pas vraiment un échec personnel. J'étais tiraillé par l'envie de reprendre la souris, et Titan s'est donc arrêté là pour moi. Peut-être que là, je peux oser me comparer à Manito et à son départ de EnvyUs ;)

L'expérience fut particulièrement riche et positive. Par ailleurs, elle m'a permis de prendre confiance en moi. Je ne savais pas trop ce que je valais et j'ai compris que ma vision de CS était suffisamment aboutie pour être viable dans les hautes sphères.

Désormais je me sens prêt à réitérer l'expérience dans la mesure où je connais davantage mes compétences mais aussi mes limites. La partie coaching et suivi des joueurs est quelque chose qui me stimule particulièrement étant donné l'impact de cette-ci. Je n'avais pu qu'effleurer la question à l'époque.

Tu castes également sur le jeu Overwatch. Sans langue de bois, c'était une opportunité intéressante en terme de carrière personnelle ou bien le jeu te semble vraiment intéressant et à fort potentiel sur le long terme ?

Je cast Overwatch parce que j'adore y jouer et que j'avais envie de me diversifier. C'est l'occasion de me lancer un défi car c'est un jeu très intense à commenter. Et puis surtout, c'est l'occasion de profiter d'un vent de fraîcheur, ce qui n'est pas sans rapport à ta question "comment garder la flamme". Et j'ai pu travailler avec de nouvelles personnes d'horizons diverses (SC2, LoL, Heartstone), ce qui n'est pas sans rapport avec ta question sur mon statut de "freelance".

Je n'ai pas de boule de cristal et je ne cherche pas vraiment à anticiper le développement ou non d'Overwatch. Je me dis qu'on verra bien ! J'ai été ravi de la décision de Blizzard de structurer la scène compétitive. Cette posture proactive fait du bien quand tu observes Valve depuis des années…

Tu as rejoint Twitter récemment. Pourquoi avoir finalement craqué ? :D

#conformisme

Quels sont les 3 joueurs actuels qui t'impressionnent le plus sur CS:GO ?

GeT_RiGhT, shox et FalleN.

Passons aux questions plus légères pour finir. Ton meilleur et ton pire souvenir en tant que joueur ?

Une victoire 16-3 contre LDLC lorsque j'étais testé par Epsilon. C'était quelques mois seulement après m'être mis sérieusement à CSGO, et j'avais même assez peu joué juste avant puisque je venais de quitter le coaching chez Titan. J'avais fait une bonne performance alors que je venais de passer en résolution native, un changement qui a d'ailleurs été contre-productif à cette exception près. D'un point de vue palmarès, ce bo1 n'était rien mais j'en suis sorti avec une place chez Epsilon et il m'a marqué. Pour l'anecdote LDLC venait de se former et, après cette défaite, ils ont remis les choses à plat ce qui a lancé le succès de la line-up LDLC/EnVyUs première du nom. C'était très différent quand j'ai rejoué contre eux après ;D

Mon pire souvenir est d'avoir eu à gérer le conflit GMX/fxy0 tous les soirs lors de mon passage chez Epsilon. Pris à part, ils n'étaient pas de mauvaise volonté mais ils ne pouvaient plus s'entendre. J'avais de vrais maux de tête TOUS les soirs. Evidemment ce n'était pas des conditions favorables pour trouver mes repères et avoir mon meilleur niveau. 


Studio VaKarM lors de l'ESWC 2013

Ton meilleur et ton pire souvenir en tant que casteur ?

A la fois meilleur et pire souvenir lors d'un studio pour la VaKarM TV. J'avais adoré le challenge de solo-cast l'ESWC en studio chez iNs, matin et après-midi 4 jours d'affilée à coup d'environ 10 heures par jour. En comptant Cnd&Manu + nous, les audiences francophones cumulées étaient énormes pour l'époque. Malheureusement c'était si éprouvant que je n'ai pas pu soutenir Julien (iNs) autant que j'aurais dû pendant ce long marathon. Lui aussi encaissait et il méritait bien plus de reconnaissance. J'ai pas assuré sur ce point et j'en aurai toujours des regrets. Ne jamais négliger les travailleurs de l'ombre !

Quelle est la différence entre un bon et un mauvais casteur ?

Un bon casteur apporte une plus-value au match, quelle qu'elle soit : émotion, passion, analyse, ambiance... parfois plusieurs à la fois ! Évidemment, il est préférable de maîtriser la prise de parole en public et la langue.

Un mauvais casteur n'apporte pas de plus-value. Pire encore, il y a ceux qui créent un malaise chez le spectateur. 

Franchement, "le Poireau Malefique", c'est quoi ce pseudo de merde ?

C'est carrément plus stylé que tous ces pseudos premier degré. Ton pseudo c'est L4p, ça vient de lapin. Tu crois que parce que t'as mis un 4 t'es badass ? Bouffon va :D

Merci à toi, on te laisse conclure.

Je te remercie L4p pour cette interview ainsi que la rédac' VaKarM. Cette semaine mon compte sur ce site fêtera ses 10 ans ! C'est donc un peu la maison ici avec Troll, Crystal-Serv, la webTV,... J'espère que ça continuera au moins 10 ans de plus.

Pour les lecteurs, j'enseigne l'aussi fameuse qu'efficace "strat glouglou" pour n'importe quel niveau de dindon sur eGG-one school.


Liens : Twitter - eGG-One School

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