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Zeus a tenu sa promesse

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"I am not going to give up before I win a motherfucking major." Cette petite phrase, Zeus l'a gardée pendant un an affichée tout en haut de son compte Twitter. Il l'avait épinglée au soir de la défaite de Natus Vincere contre Team Liquid, en quart de finale de l'ESL One Cologne 2016. Après les finales perdues à la DreamHack Cluj-Napoca et à la MLG Colombus, Na'Vi venait d'essuyer son troisième lourd échec en Major. Un mois plus tard, la structure mettait son leader à la porte. Zeus se retrouvait seul, sans équipe, sans coéquipiers, à une distance infinie de son objectif.

Si une bonne partie de la scène l'envoie déjà à la retraite, à 29 ans, Zeus n'est pas de cet avis. Il a dit qu'il n'abandonnerait pas sans avoir gagné un Major sur CS:GO. Alors il repart. Début octobre, après une période de transition, le voilà accueilli au sein de Gambit Gaming, une équipe à majorité kazakh puisque son recrutement coïncide avec celui d'un grand espoir du pays, HObbit. AdreN et mou complètent le trio bleu et jaune, et Dosia apporte la touche russe. Voilà la nouvelle line-up de Zeus. Une équipe qui a gagné son spot de Légende en Major, mais qui n'a jamais entraperçu ne serait-ce que l'ombre d'un trophée en dehors de la scène CIS.

Zeus va prendre cette équipe sous son aile et la façonner à sa manière. Mais il n'est pas seul : il va faire appel à kane, l'une de ses plus anciennes connaissances avec qui il jouait chez pro100 en 2005, pour tenir le rôle de coach. Comme avec Na'Vi, Zeus met de côté la plupart des tournois et ligues en ligne pour se concentrer uniquement sur ce qui est important : les lans. Tout n'est pas parfait au début, et l'équipe alterne le bon (victoire aux ACER Predator Masters 3) et le moins bon (défaite dès les quarts de finale de l'ESWC contre Space Soldiers).

Mais Gambit sait quand il faut qu'elle élève son niveau de jeu. Son premier gros fait d'armes arrive à la DH Winter : dans un tournoi un peu fou, Zeus et les siens sortent deux équipes américaines (OpTic et Cloud9) avant de triompher des locaux de GODSENT puis d'écarter les surprenants Renegades en finale. HObbit est sacré MVP de l'événement, révélant là son plein potentiel. 2016 finie, Gambit a commencé à se faire un vrai nom sur la scène.

Arrive alors l'échéance que Zeus attend le plus : un Major. Janvier 2017, l'ELeague organise la dixième édition du plus grand des tournois. Gambit arrive sans avoir mis les pieds en lan depuis sa victoire à la DH Winter. Solide durant la ronde suisse, elle conserve son statut de Légende sans trop de problème, et Zeus va pouvoir tenter de prouver qu'il avait raison de s'accrocher. Mais les choses vont mal se passer contre fnatic. Gambit met une claque aux Suédois, 16-3, ces derniers répliquent avec un aller-retour bien placé, 7-16 / 7-16. L'aventure s'arrête sur un top 5/8.

Tant pis, le statut de Légende est conservé, Gambit et Zeus ont six mois pour progresser avant une nouvelle occasion. Malgré le nombre phénoménal de compétitions sur la scène, l'équipe kazakh raréfie ses apparitions : elle en profite quand même pour glâner une seconde place au cs_summit et un titre à la DH Austin lors d'une tournée américaine fin avril. Dosia est sacré MVP à la DreamHack, attestant de la vraie force de cette line-up : elle n'a pas de poids mort. Chacun a légitimement sa place.

Entre fin avril et le Major, mi-juillet, quand tous les gros poissons sont en train de disputer les finales de la Pro League, des ECS, les étapes du circuit DreamHack ou encore l'ESL One Cologne, Gambit disparaît. Non-invitée ou refusant les sollicitations des organisateurs, elle mise tout sur le Major de l'été. Seule une décevante DH Summer permettra de revoir la formation en chair et en os. Autrement, c'est travail, travail et travail, en sous-marin, et ce malgré les défaites qui s'enchaînent dans les rencontres en ligne.

Zeus en profite aussi pour lancer le projet pro100, une sorte d'équipe Académie dont il gère le côté administratif. Elle sera toute proche de franchir le Minor CIS et de participer à la qualification pour le Major, mais échouera finalement à la troisième place du Minor.

Début juillet, Gambit est l'équipe qui s'entraîne le plus : le compte de Zeus est aperçu avec plus de 200 heures de jeu en 15 jours, mais il avouera qu'il laisse le jeu ouvert même la nuit, et qu'il n'est actif dessus que 150 heures. Ce qui fait tout de même 10 heures par jour, soit dit en passant.

Le Major arrive. Et la suite, on la connaît. Gambit sort une ronde suisse parfaite, 3-0, et se débarrasse de ses vieux démons suédois en battant fnatic 2-0 en quart de finale. Affrontant ensuite l'équipe la plus en forme du moment au tour suivant, Astralis, elle offre une bataille magnifique et conclut après un round d'éco et une pause tactique prise à 13-12 pendant lesquels Zeus aura recadré sa troupe, qui n'arrivait pas à percer la défense danoise sur Train :

J'ai un peu bousculé les gars en leur disant de se calmer et de m'écouter, qu'on allait les défoncer, qu'il fallait juste faire ce que je disais. Une fois que j'ai dit ça, une sorte de force divine m'a aidée, on a fait le « round SK », je suis descendu petite échelle et j'ai défoncé dupreeh deux fois, les gars m'ont rejoint, et on les a terminés. C'est à peu près comme ça que ça s'est passé.

Gambit est en finale à la surprise générale contre Immortals, autre invité inattendu. Et tout le monde se souvient de ce tweet de Zeus. Celui qui était fini est à une marche de son rêve. Après une première map cauchemardesque perdue 4-16, l'équipe kazakh se reprend et assure sur Train, 16-10, puis sur Inferno, 16-11, concluant son tournoi sur un dernier 1vs1 gagné par... Zeus.

Le leader ukrainien avait fait une promesse. Ne pas abandonner avant d'avoir gagné un Major sur CS:GO. Il est reparti de tout en bas, seul. Il n'avait plus la compagnie d'Edward, son plus fidèle allié, de GuardiaN, de flamie, et n'a jamais eu celle de s1mple, autant de talents à qui on promettait la lumière et le succès ces derniers mois. À la place, Zeus a fait équipe avec un espoir kazakh, deux joueurs bloqués dans des équipes de milieu de tableau depuis un moment, et un Russe qui a connu le pic de sa forme en 2013. En dix mois, Zeus a mené Gambit au sommet. Tout ça pour tenir une promesse qu'il avait faite à la communauté toute entière, et surtout à lui-même.

Zeus et kane, avec environ 13 ans d'écart. Les années passent, les trophées restent.

Gagner un Major a été l'obsession de Zeus pendant un an. Il s'agissait du dernier trophée qu'il manquait à sa collection. Il a déjà été champion du monde sur Counter-Strike 1.6 (ESWC 2010), sur CS:GO (ESWC 2015), a gagné les trois Majors qui rythmaient les saisons sur 1.6, et a enfin remporté l'équivalent sur CS:GO. Son palmarès est gigantesque, sa carrière légendaire. Bravo, Monsieur Teslenko.

Crédits photos : DreamHack (Adela Sznajder)

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