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Semmler répond à nos questions

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Page 1: Version française

Certainement l'un des commentateurs les plus connus et les plus respectés de la scène Global Offensive, le plus Français des Américains, Auguste "Semmler" Massonnat a accepté de répondre à nos questions. Après avoir été l'un des casters les plus actifs souvent aux côtés de son acolytes danois, Anders "Anders" Blume, il a eu le privilège d'être invité à faire vivre le plus grand tournoi de l'histoire de Counter-Strike à ce jour lors de la DreamHack Winter 2013. Ce duo est sûrement le plus expérimenté sur CS:GO et il nous a semblé intéressant de récupérer le point de vue d'un des fondateurs du GD Studio que vous connaissez peut-être si vous suivez l'actualité internationale de Dota 2 et SC2. 


Bonjour Auguste. Ton nom sonne bien Français pour un Américain, comment cela se fait ?

Mon père est Français et ma mère, Américaine. Ils ont été créatifs au moment de nommer leur enfant. Mon deuxième prénom, Taliesin, vient de Merlin.

Avant d'être commentateur sur CS:GO, tu as occupé un rôle de "host" pour différents événements notamment sur StarCraft 2. En France, hormis l'ESWC, quasiment aucun événement n'est "hosté", peux tu présenter ce rôle ?

Le rôle d'animateur consiste à divertir le public pendant les temps morts, et à s'assurer que l’événement se déroule bien de A à Z. En général on fait des interviews avant et après la partie. Le nouveau format qui est exploré actuellement dans les événements consiste à constituer un panel d'experts et analystes. L'animateur doit être capable de mener des discussions sur un grand éventail de sujets tout en intégrant les différents invités. C'est un rôle sympa à remplir, si tu as bien révisé.

Tu as également eu quelques expériences de casting sur StarCraft 2, pourquoi ne pas avoir continué dans cette voie à un moment où le jeu explosait ? 

J'avais l'impression que ce jeu n'était pas pour moi. J'adorais Wings (of Liberty) et pendant une période je jouais entre 20 et 30 parties par jour, jusqu'à ce que j'entre en Master. Mais avant la sortie de HotS mon intérêt pour le jeu s'est estompé. Il manque à SC2 un élément de travail d'équipe que j'adorais quand je jouais au Hockey, à WoW Arena ou à Bloodline Champions. J'adorais shoutcaster ce jeu pour le plaisir et le challenge de la tâche.

Shoutcaster SC2 nécessite un rythme et une méthode différente de ce à quoi j'étais habitué avec Bloodline Champions, un peu plus lent et plus réservé. Les compétitions et le fait de travailler avec Apollo au Studio (GD Studio) m'ont permis d'explorer différents styles et de devenir plus complet. Devenir un caster SC2 à temps complet n'a jamais fait partie de mes plans.

Apollo (à gauche) et Semmler (à droite) commentant le SCAN Invitational sur SC2

Peux-tu présenter le GD Studio et ta fonction en son sein ? 

Le GD Studio a été créé par Apollo, James, Trance et moi-même pour produire du contenu eSport sur SC2, BLC, Quake et DotA2. On produisait des tutoriels sur les différents jeux, des tournois avec cashprize chaque semaine, et Newman de Team Dignitas ainsi que Hellspawn de la DreamHack se sont joint à l'aventure. Adebisi, l'expert SC2 nous a rejoint un moment après et a amené son expertise.

L'effectif actuel se concentre presque exclusivement sur DotA2 avec James, Bruno, Skrff, Draskyll et Weppas. Je suis passé de présenter et caster BLC, puis SC2 et maintenant je me concentre entièrement sur CS:GO. Apollo a déménagé en Allemagne pour caster les WCS sur SC2 et Adebisi est retourné au Canada boire du sirop d'érable. Mingles, le chat triomphant et ses chatons reignent toujours. 

Quel est ton regard sur l'un des débats du moment qui dit que les casters sont plus starifiés que les joueurs eux-mêmes ? Notamment sur SC2 ? 


Sur SC2, et ce depuis longtemps, les casters ont plus de visibilité que les joueurs. C'est pourquoi les spectateurs ont plus l'opportunité de connaître leur personnalité et  leur excentricité. Les casters ont créé leur propre contenu, présenté des débats, casté sur YouTube, et ont eu plus de temps à l'antenne que les joueurs aux événements majeurs.

Les joueurs extravertis sont sortis du lot et se sont joint à la fête, mais en général on entend et voit beaucoup de casters. Il y a aussi le fait qu'il y a peu de casters. Ainsi, à chaque événement on ne voit pas forcément les mêmes joueurs mais on voit les mêmes présentateurs.

Au niveau production, ces dernières années, on se concentre davantage sur les joueurs, notamment par le biais de longues interviews, d'analyses de leur part durant les temps morts,... C'est un sujet très controversé. Vous avez déjà vu Stephano streamer ? Sur d'autres jeux, comme LoL et CS:GO, ça n'est pas un problème. Les joueurs pros LoL en particulier, grâce à l'exposition dont ils profitent à travers les LCS ont leurs propres streams, et même leurs propres émissions de télé-réalité. Ils ont une grosse fanbase. Au final, ça dépend de votre implication.

Penses-tu que le parallèle puisse être fait avec la scène CS:GO actuelle ? 

Peut-être dans une certaine mesure, si on compare le degré d'exposition des casters par rapport aux joueurs. Cependant, les joueurs sur CS:GO accumulent des supporters depuis des années. Je ne pense donc pas que ça soit un problème sur CS:GO.

Tu es finalement passé assez tard sur CS:GO, pourquoi avoir tout misé sur ce jeu et si tard ? 

Quand je n'étais plus satisfait de SC2, j'ai passé quelques mois à jouer à DotA2. J'avais joué à LoL dès sa sortie, et étais passé sur HoN quand je l'avais découvert donc j'étais assez familier avec les mécanismes de ce genre de jeux. Le rythme lent de ce jeu ne me séduisait toutefois pas. Quelques mois plus tard j'ai jeté un œil sur CS:GO avec Skrff, et à cette époque on a décidé d'attendre que les développeurs continuent de le développer avant qu'on ne l'essaye à nouveau. De nouveau quelque mois plus tard, j'ai réessayé GO avec quelques amis et j'ai accroché. Je n'avais joué à 1.6 et à Source que sur des aim-map, du deatchmatch et du mode surf. C'est le système de matchmaking sur CS:GO qui m'a séduit. N'ayant jamais fait de mix ou de gather, j'ai vraiment découvert toute la profondeur du jeu par le biais du matchmaking, ainsi que l'implication que ça demande en matière de teamplay.
Le shoutcast a suivi spontanément en juillet quand la YOLOHITSQUAD a été fondée, alors que je streamais quelques parties de matchmaking. Tout est parti de là.


Semmler et le boss de DreamHack, Robert Ohlén

Alors est-il plus facile de caster du StarCraft ou du Counter-Strike ? Quelles sont les différences majeures ? 

 Il n'y a pas de jeu plus facile ou plus difficile à caster, ça dépend juste de ton amour pour le jeu. Le reste vient facilement.

Le cast sur CS:GO est-il ton métier à plein temps ?

Oui, je présente et shoutcast des matchs depuis ces deux dernières années, depuis que nous avons fondé The GD Studio. J'adore top ramen (ndlr: marque de nouilles chinoises)

A quoi ressemble une journée type chez Semmler ? 

Un café (le nectar des dieux), et je me mets au travail aussi vite que possible pour pouvoir jouer ensuite. Je me réveille, je prends un café en consultant l'actualité via les principaux sites d'eSport et tous les subreddits. J'essaye de me tenir informé sur tous les jeux eSports majeurs, à part sur console (je ne sais pas ce qu'il se passe sur CoD par exemple, les jeux de combat ne comptent pas parmi les consoles). Je consulte les résultats des matchs que j'ai raté et je cherche des matchs à caster pour la soirée.

Ce programme se répète tous les jours. J'ai passé pas mal de temps sur HeartStone ces derniers jours. C'est un jeu sympa pour me détendre quand j'ai envie d'arrêter de mettre des headshots. Reddit me prend énormément de temps. 


Semmler et son camarade co-caster, Anders à la DreamHack Winter 2013

Il y a eu énormément de drama autour du choix des casters pour la DreamHack Winter, que peux-tu en dire sachant tu étais impliqué ?

En ce qui concerne les casters pour la DreamHack Winter, j'ai été surpris qu'Anders n'ait pas été pris à la base, vu qu'il avait casté presque chaque événement majeur au cours de l'année. Me concernant, j'étais encore assez nouveau. Je n'espérais donc pas être sélectionné pour la plus grosse compétition de l'histoire de CS:GO. La DreamHack est ensuite venue vers nous avec une offre, nous permettant de mettre en place un second stream en direct de l'évènement. Je leur en suis très reconnaissant. C'était une expérience extraordinaire de commenter ces matchs, et de présenter les finales devant un public aussi enthousiaste. La réaction de la communauté était également géniale, et je suis reconnaissant à nos fans pour leur soutien qui nous a permis de caster cet événement. La DreamHack s'est bien passée, et c'est tout ce qui importe.

Ce genre de dramas entraîne-t-il certaines rivalités entre casters dans la course aux événements ?

C'est toujours bon d'avoir de la concurrence. Il n'y a cependant pas de drama. J'ai apprécié travailler avec tout le monde tout au long de l'événement, et espère avoir l'occasion de le faire à nouveau dans un futur proche. Je travaille régulièrement avec Anders et ça ne changera pas de sitôt. A part cela, je ne vais pas changer mes habitudes et je verrai bien qui me demandera.

Penses-tu que pour le tournoi le mieux doté de l'histoire, la DreamHack Winter, il y ait eu assez de moyens niveau production pour CS:GO ?

L'extrêmement bon niveau des équipes et des joueurs participant au tournoi ont compensé les difficultés techniques que nous avons rencontrées. En ce qui concerne la production, la DreamHack a placé la barre haute pour les événements majeurs sur CS:GO. Nous savons ce dont ESL est capable dans leur studio, nous verrons quel spectacle ils vont produire à Katowice.

Penses tu que le Xray doive-être active tout le round ou uniquement durant les situations importantes ?

Je pense que le Xray doit être activé tout le round. Ça permet aux spectateurs de mieux comprendre le placement des équipes les unes par rapport aux autres, indépendamment de la minimap. Il peut y avoir quelques exceptions, mais pour la plupart des cas, j'apprécie d'avoir le Xray activé. Je ne trouve pas que ça enlève du superbe à l'action.

Les statistiques et graphiques en jeu sont rarement utilisés par les commentateurs, peux-tu expliquer pourquoi ?

Il est indéniable qu'il reste du travail à faire sur ces graphiques et statistiques. Il faut avoir du bon timing et aborder le sujet comme il faut, il faut faire des ajustements sur le stream. Pendant un événement, s'il y a un streamer, ça peut vite se compliquer. Il doit écouter les casters attentivement pour trouver quelle statistique ou graphique fournir et à quel moment, et ce sans rater aucune action. Contrairement à DotA2 qui a beaucoup de temps morts pour montrer les graphiques et statistiques, sur CS on n'a que le freezetime au début du round, ce qui représente au final une fenêtre réduite. C'est juste une question de pratique, nous allons nous améliorer sur ce point.


Un outil si peu utilisé

Quelles améliorations ou ajouts penses-tu que Valve devrait implémenter dans le mode spectateur ?

Pour faire rapide je dirais qu'ils devraient prendre ce qu'ils ont développé sur DotA2 et l'appliquer sur GO. A part ces options, on est plutôt bien. L'idée d'un ticket pour les événements est aussi intéressante, mais la communauté est trop attachée au fait d'avoir des GOTV pour que cela se mette en place. On a déjà les caisses eSport qui aident à financer les événements majeurs, et si le Market suit la route de Dota2 avec la possibilité de vendre des skins individuels, il y aura plus de sources de revenu disponible. Les "announcer packs" (sortes de messages radio personnalisés droppables) pourraient être amusants.
Je suis plutôt satisfait du mode spectateur actuel, malgré mes maladresses.

Merci pour cette entrevue, nous te laissons le dernier mot. 

Un grand merci à la communauté pour le soutien qu'elle apporte, et à tous les fans qui viennent nous regarder streamer avec Anders, sur http://www.twitch.tv/nipgamingtv. Un grand merci à Anders (@NiPAnders) de supporter mes conneries, vENdetta (@vENdettaGO) et Arc de m'avoir appris énormément sur CS et son histoire, Renny du YOLOHITSQUAD, et les gars de chez GD Studio.

Si vous aimez ce que je fais, vous pouvez me suivre sur twitter/facebook/youtube/twitch at Semmlertheriot, et enfin merci à VaKarM.net pour cette bonne interview. Merci à tous, prenez soin de vous !

Traduction par Sickness

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