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Edward, dix années de folie chez Na'Vi

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Ce 29 mai 2019, Ioann "Edward" Sukhariev a été remercié pour la première fois de chez Natus Vincere. Il aura passé 3 305 jours sous les couleurs jaune et noire de cette structure devenue mythique dont il a été l'un des membres fondateurs.

Il a donc fallu attendre quasiment dix ans pour qu'Edward soit mis de côté. Une décennie presque complète passée dans la même organisation, à quelques mois près et une parenthèse en 2013 chez Astana Dragons, sans jamais s'écarter du très haut niveau mondial. Décrié ces dernières années pour son rendement individuel en baisse, passé dans l'ombre d'une nouvelle génération de joueurs qui suçaient encore leurs pouces quand lui gagnait ses premières lans, Edward n'en reste pas moins une légende absolue de Counter-Strike et un nom à jamais associé à Na'Vi.

Avec ce maillot sur les épaules, il s'est construit un palmarès démentiel, l'un des plus fournis de la scène. Et a été considéré comme l'un des meilleurs joueurs du globe pendant plusieurs années, certes un peu lointaines maintenant. Dix ans de succès, de trophées et de médailles de tous les métaux. Dix ans pour devenir un monument, que le temps peut écorner mais ne parviendra jamais à enterrer.

2009, la formation d'un cinq historique

C'est en toute fin d'année 2009 que la line-up Na'Vi se crée, résultat de la fusion entre deux équipes de la scène CIS de l'époque, HellRaisers et KerchNET. Edward et markeloff arrivent de la première, Zeus, starix et ceh9 de la seconde. La formation est née sous l'impulsion d'Arbalet, de son vrai nom Murat Zhumashevich Tulemaganbetov, un millionnaire et homme d'affaires kazakh désireux d'investir dans l'esport et de créer une "super équipe" en Europe de l'Est. Edward a alors 21 ans et, quelques jours avant son 22ème anniversaire, il fait donc partie de cette nouvelle formation, qui ne s'appelle pas encore Na'Vi mais Arbalet UA.

2010, Na'Vi est fondée… et gagne déjà tout

Dès les premiers jours de 2010, la line-up change de nom temporaire et opte pour Na'Vi, en référence à la tribu du film "Avatar", sorti quelques semaines plus tôt. Un autre clin d'œil au monde du cinéma pour Edward, dont le pseudo provient du personnage principal du film "Edward aux mains d'argent", en raison d'une ressemblance capillaire cocasse entre le joueur ukrainien lorsqu'il était plus jeune et cet héros de fiction.

Edward avec le trophée des IEM IV

Évidemment, Na'Vi ne devait être qu'un tag provisoire. Pour trouver son vrai nom, l'organisation décide de se tourner vers le public et de le laisser libre de proposer des suggestions. Un utilisateur de HLTV, hArtik, proposera "Vincit", ce qui signifie "gagner" en latin. En fouinant un peu dans ses dictionnaires de langue morte, la structure découvre que "Natus Vincere", qui lui permettrait de garder le tag Na'Vi, veut dire "né pour gagner". Il n'en fallait pas plus pour la convaincre de foncer. Na'Vi est née, ou plutôt, est définitivement entérinée.

Et quelle première année elle va vivre ! L'équipe va réaliser une saison 2010 époustouflante, raflant tous les trophées les plus convoitées, dont les 3 "Majors" de l'époque 1.6. D'abord les IEM IV, en mars, 2-0 contre fnatic en finale. Puis l'ESWC, en juillet, 2-1 contre SK pour devenir la première équipe issue de la région CIS à être sacrée championne du monde. Enfin les WCG, en octobre, 2-1 contre mTw en finale. À ces succès s'ajoutent aussi une multitude d'autres premières places, à l'Arbalet Asia, Ukraine, Best of Four, Dallas ou encore à la DH Winter. La domination ukrainienne est délirante tant les cinq joueurs répondent présents quand il le faut.

Edward ne fait pas exception à la règle. Il finit MVP de l'Arbalet Cup Best of Four, puis second dans la course à la distinction individuelle lors de l'Arbalet Cup Europe. Dans le premier tournoi évoqué, il réalise aussi une action devenue mythique sur Tuscan, un ace contre fnatic en un chargeur d'USP et quatre secondes chrono, qui dégoûtera à jamais dsn du lead et forgera sa réputation d'excellent joueur de pistol.

On avait eu un très mauvais match juste avant celui-ci, et dsn a dit à cArn, « ok, je vais faire les calls sur ce match ». Il nous a dit qu'au pistol round, on allait tous partir dans le mid puis qu'on allait ensuite rediriger B. Ensuite... et bien, ceci est arrivé. Et ça a été la fin de la carrière de leader de dsn. Un round !

THREAT, autre victime de ce pistol round d'anthologie

Exceptionnelle sur le plan collective, l'année l'est donc aussi pour Edward de manière individuelle. Il est classé 5ème meilleur joueur du monde par HLTV en décembre 2010, la rédaction du site précisant que "durant les premiers mois, il était probablement le meilleur du monde tant il a dominé chaque tournoi". Son ace sur Tuscan est désignée action de l'année. Edward s'affirme ainsi comme l'un des tout meilleurs du monde. Lui et les siens remettent l'Ukraine et la scène CIS au centre du monde après plusieurs années relativement discrètes à l'international pour la région. Ils attirent même l'attention du premier ministre ukrainien de l'époque, ce qui n'est pas sans rappelé Astralis en 2018.

Palmarès de l'année :

Arbalet Asia
IEM IV
Arbalet Ukraine
Arbalet Cup Best of Four
Arbalet Europe
ESWC
Arbalet Dallas

GameGune
IEM V Global Challenge Shanghai
European Nations Champions (avec l'équipe d'Ukraine)
Asus Cup Summer
WCG
4. WEM
DreamHack Winter

5ème du Top 20 HLTV
Action de l'année sur HLTV

2011, la confirmation sans domination

Après une année 2010 époustouflante, comment faire mieux en 2011, voire même aussi bien ? L'équation est complexe à résoudre et Na'Vi se creuse les méninges en vain aux finales européennes des IEM, conclues sur un top 3. Mais un mois plus tard, lors des IEM V, Edward se réveille et va porter les siens vers un quatrième succès en Major consécutif. Il termine avec le meilleur rating des play-offs et est nommé dans le cinq type de l'événement, échouant seulement à la deuxième place dans la course au MVP.

Na'Vi en 2011 : starix, markeloff, Edward, ceh9, Zeus

Edward va poursuivre sur sa lancée à la DH Summer et à la GameGune 2011, accumulant les performances remarquées malgré deux médailles de bronze seulement pour son équipe. Malheureusement, l'inconsistance est de mise pour le reste de la saison. Na'Vi gagne un dernier titre en juin, lors de l'Adepto BH Open, puis va enchaîner les places d'honneur : 3ème aux WEG eStars, 2ème à l'ESWC suite à la vengeance de SK en finale, et 3ème à nouveau à la DH Winter pour conclure la saison. Les Ukrainiens ont confirmé que 2010 n'était pas qu'un oneshot, sans pour autant parvenir à réitérer leur outrageuse domination.

Le constat est similaire pour Edward : il est bien l'un des meilleurs joueurs du monde, toujours solide aux pistols rounds et en tant qu'ouvreur, mais son efficacité est en légère baisse. Il finit toutefois 2011 à la 15ème place du Top 20 HLTV, un classement plus qu'honorable.

Palmarès de l'année :

4. IEM V European Finals
IEM V
OSPL Spring
DreamHack Summer
GameGune
Adepto BH Open

WEG e-Stars
Samsung European Championship
ESWC
4. MSI Beat IT Russia
DreamHack Winter

15ème du Top 20 HLTV

2012, une transition délicate

Counter-Strike 1.6 vit ses derniers mois en 2012. Son successeur, Counter-Strike : Global Offensive, arrive bientôt. Il s'agit de marquer une dernière fois l'histoire avant de changer d'opus. Malheureusement pour Na'Vi et Edward, l'année sera davantage synonyme d'argent que d'or. Les doubles tenants du titre des IEM laissent leur titre aux Polonais d'ESC, qui s'imposent 2-0 contre eux en finale. Ensuite, à la CPH Games, la DH Summer et la GameGune, le résultat est similaire : c'est sur la deuxième marche du podium que montent les Na'Vi. Leur régularité démontre tout de même l'étendue de leur puissance.

Le roi des ASUS Cup

Les ASUS Cup étaient des compétitions locales organisés entre 2004 et 2012 sur Counter-Strike 1.6, au rythme de quatre par an, et regroupant les meilleurs joueurs de Russie, d'Ukraine et de Biélorussie dans des cybercafés moscovites. C'est là-bas qu'Edward s'est fait repérer en terminant troisième de l'édition d'automne 2004 avec pro100 (Edward, Zeus, kane, razor, kekc). Par la suite, il deviendra l'un des grands habitués du rendez-vous, prenant part à 19 éditions. Il en remportera 9, ce qui fait de lui le recordman au nombre de titres gagnés dans cette compétition.

Jusqu'au bout, la line-up s'accrochera à son jeu de cœur, finissant encore médaillée d'argent de la Pro Gamer Series Exponor en octobre derrière fnatic, alors que CS:GO était déjà sorti depuis plus de deux mois.

1.6 se conclut sur une énième médaille d'argent (photo : HLTV)

Cette obstination s'explique par une raison simple : les Na'Vi n'aiment pas ce nouveau jeu. Edward, Zeus ou starix n'ont jamais hésité à le critiquer publiquement, arguant qu'il était simplement un "autre CS:Source". Malgré leurs véhémences, ils vont pourtant devoir faire la bascule eux aussi. CS 1.6 appartient désormais au passé. Le futur répond au nom de CS:GO, et Edward va apprendre à l'apprécier.

Il faut s'habituer à la physique du jeu. L'aim, le spray, la manière de lancer les grenades aussi. Tout était très différent au début et même maintenant, après 250 heures de jeu, je rate parfois complètement mes sprays ou mes grenades. [...] J'aime le fait de jouer à un nouveau jeu. J'apprécie maintenant celui-là, et tout le processus d'apprentissage, parce que cela nous fait gagner en expérience. J'aime ce jeu. En fait, il y a beaucoup de situations similaires à 1.6 en termes de compréhension de jeu. Notre skill est toujours là, nous devons maintenant travailler la technique pour revenir au top.

Edward interrogé sur CS:GO

2012 n'aura pas été à la hauteur des espérances Na'Vi. Mais avec CS:GO, un nouveau chapitre s'ouvre. Le retard pris par les Ukrainiens sur ce nouveau jeu constitue déjà un handicap. Le cinq merveilleux de 2010 peut-il prouver qu'il est capable de triompher ailleurs que sur 1.6 ?

Palmarès de l'année :

IEM VI Global Challenge Kiev
Kingston Trilogy Tour
IEM VI
CPH Games

DreamHack Summer
GameGune
Pro Gamer Series Exponor

2013, des déceptions, un départ et un retour

Na'Vi et son cinq historique à Vienne (photo : HLTV)

Après plusieurs mois d'entraînement en ligne, Na'Vi effectue sa première sortie en lan sur GO en février, à la Mad Catz Vienne. Et quelle sortie : après avoir remporté son groupe, Edward & Co retrouvent VeryGames en quart de finale pour ce qui sera l'un des matchs de l'année. La première map compte pour deux en se concluant sur un score de 34-30 pour VG. Na'Vi récupère la seconde, 16-11, mais cède sur la troisième d'extrême justesse, 16-14. Pour leur lan inaugurale, les Ukrainiens ont déjà rivalisé avec l'une des meilleures équipes de l'époque. De bon augure pour l'avenir.

Au premier abord seulement. Sur le serveur, la confirmation peine en réalité à arriver malgré un Edward qui monte en puissance sur le jeu et s'affirme comme un des hommes forts de l'équipe. Dans la capitale danoise, pour la CPH Games, Na'Vi n'arrange pas les choses en se retirant de la compétition après la phase de poules. La formation pensait continuer sa route dans le winner bracket, mais des règles floues de goal-average en cas d'égalité l'envoient en fait en loser bracket. La discussion avec les admins et les adversaires concernés se passe mal, et Na'Vi décide de partir.

En fait, il n'y a que chez elle, à Kiev, que l'équipe se montre performante. Ville dédiée aux finales SLTV StarSeries, elle permet aux supporters locaux de voir leur équipe briller avec une 3ème place lors de l'édition V puis une 2ème lors de l'édition VI. Un dernier événement où Edward termine meilleur fragger de son équipe.

Des signes encourageants qui ne laissent en rien entrevoir le naufrage que sera le Prague Challenge. Deux semaines après sa seconde place aux finales SLTV, Na'Vi y arrive avec le statut de grandissime favorite. Tout se passe bien jusqu'à la finale et une défaite sortie de nulle part contre le mix Nostagie (apEX, kennyS, TaZ, NEO, OverDrive) alors que les Ukrainiens menaient tranquillement 16-7 / 11-4. Cette débâcle inattendue annihile tous les efforts réalisés jusque-là. markeloff quitte l'équipe quatre jours plus tard, Edward le suit peu de temps après, abandonnant soudainement une line-up historique avec laquelle ils avaient tant gagné par le passé. Les deux ne tardent pas à annoncer leur nouveau projet : Astana Dragons, une nouvelle "super équipe" CIS, comme ce qu'était Na'Vi à sa création trois ans et demi plus tôt, également financée par un investisseur kazakh, Ilyas Sarsenbayev. AdreN, ANGE1 et Dosia complètent le cinq. Pour la première fois depuis 2010, Edward quitte l'organisation noire et jaune.

Bien sûr que la 2ème place à Prague a joué dans ma décision de quitter Na'Vi. Mais je ne l'ai pas prise tout de suite. Quand markeloff m'a dit qu'il partait, ma première réponse a été que moi, je restais. Mais ensuite, j'ai pensé à l'avenir avec Na'Vi, et je n'ai pas réussi à m'entendre avec le reste de l'équipe sur ce qu'il fallait faire. Ça a changé mon état d'esprit. J'ai dit à ANGE1, « si vous avez besoin d'un cinquième, j'en suis ».

Edward sur sa décision de rejoindre Astana Dragons

Mais Astana Dragons sera un semi-échec. Edward n'y restera que quatre mois. Il y aura quelques satisfactions, comme une seconde place aux finales SLTV VII et un statut acquis de troisième meilleure équipe du monde derrière NiP et VeryGames. Et encore plus de déceptions, avec des échecs répétés en ligne et en lan, dont la demi-finale de l'ESWC perdue contre Clan-Mystik alors que la finale semblait à portée de souris. À moins d'un mois de la DH Winter 2013, premier Major de l'histoire, Edward est finalement remercié et remplacé par kUcheR. Un transfert surprenant tant le rifle ukrainien, malgré les résultats moyens, était l'un des piliers statistiques de l'équipe et l'un de ses éléments les plus percutants.

Edward avec un maillot autre que celui de Na'Vi, une chose rare qui n'aura pas duré longtemps

Profitant du BYOC organisé la veille du Major et offrant deux places pour le tournoi, Edward va y tenter sa chance avec le mix Nostalgie (Edward, GuardiaN, hooch, STYKO, OverDrive), mais la line-up échoue au match décisif, battue par les Danois de MSL. La DreamHack Winter 2013 sera le seul Major auquel ne participera pas Edward, puisqu'il disputera ensuite les 13 autres. Sous quelles couleurs ? Celles de Na'Vi, évidemment.

L'organisation a en effet complètement raté sa DreamHack. Les arrivées de kibaken et seized, en remplacement d'Edward et markeloff, n'ont pas eu l'effet escompté. Juste avant la fin d'année, la décision est prise de se séparer de kibaken ainsi que de ceh9, membre pourtant fondateur du cinq mais qui peine toujours à s'acclimater à CS:GO. Pour prendre leur place, un revenant, Edward, toujours considéré comme l'un des meilleurs membres de la scène CIS avec sa 16ème place finale au Top 20 HLTV. "Aujourd'hui, je peux dire que partir n'était pas la bonne décision, mais je n'ai aucun regret sur ce qu'il s'est passé. Après tout, j'ai beaucoup appris" ; et avec lui, un petit nouveau sous ce maillot, qui marquera durablement son époque avec, GuardiaN. Na'Vi est parée pour affronter 2014.

Palmarès de l'année :

Avec Na'Vi :

StarLadder StarSeries V
StarLadder StarSeries VI
Prague Challenge
StarLadder StarSeries VIII

Avec Astana Dragons :

TECHLABS Cup Kiev
3/4. DreamHack Bucarest
StarLadder StarSeries VII
ESWC

16ème du Top 20 HLTV

2014, premiers succès sur CS:GO et lente montée en régime

Après plus d'un an sur le jeu, Na'Vi n'a toujours pas conquis le moindre trophée, Edward non plus. Il est temps de mettre fin à cette disette. Le début d'année va pourtant être compliqué avec, certes, une qualification acquise pour le Major, le premier pour Edward, mais une compétition ensuite complètement ratée à Katowice, qui s'achèvera une nouvelle fois dès les poules. Deuxième grand rendez-vous annuel, la CPH Games est ensuite zappée par Na'Vi en raison des événements arrivés lors de l'édition précédente, qui les avaient amenés à partir volontairement du tournoi à la veille des play-offs.

La communication, tout un art

En recrutant GuardiaN, Na'Vi avait fait le choix de prendre en son sein un joueur ne parlant pas russe, GuardiaN étant slovaque. L'équipe communiquait malgré tout dans cette langue, le sniper, qui comprenait globalement le russe, donnant ses informations avec les quelques mots et noms de positions qu'il connaissait. En dehors du jeu, si les joueurs parlaient russe à GuardiaN, celui-ci répondait en anglais étant donné qu'il n'était pas capable de parler concrètement russe.

Edward avait également raconté une anecdote arrivée dans un de leurs matchs. GuardiaN avait oublié le nom de la position d'un ennemi en russe. Incapable de s'en rappeler, il avait alors crié à plusieurs reprises le nom de la position en slovaque, histoire de prévenir ses coéquipiers, même s'ils ne pouvaient pas le comprendre...

Il faut attendre le mois de mai et, de nouveau, les finales SLTV, à Kiev, pour voir Na'Vi s'illustrer. Et de quelle manière ! Opposée à NiP, Titan et Virtus.pro, toutes les trois favorites au titre sur le papier, l'équipe d'Edward va créer un petit exploit en réalisant un week-end parfait. NiP est écarté 2-0, Titan subit le même sort. Revenus du loser bracket, les Suédois repassent à la caisse en grande finale en s'inclinant de nouveaux sur les deux maps disputées. Le sang frais apporté par seized et GuardiaN, soutenu par un trio d'anciens encore fringant, a fait son œuvre. Na'Vi remporte chez elle son premier titre sur CS:GO.

Enfin une première place sur Global Offensive !

Le reste de l'année continuera d'être encourageant pour la formation de l'est. Finaliste à la DH Summer, à l'IronGaming, battue deux fois par NiP, elle monte tout de même en puissance. Elle passe également pour la première fois les poules d'un Major, à l'ESL One Cologne 2014, mais échoue en quart de finale après une bataille très serrée contre fnatic, conclue 16-14 sur Nuke grâce à un 1vs3 de flusha au dernier round, malgré une performance remarquée d'Edward, top fragger de la rencontre. Un deuxième trophée arrive ensuite pour garnir l'étagère ukrainienne lors des finales Game Show League.

Les progrès de Na'Vi sont indéniables mais l'équipe veut gagner plus, tout de suite. Malheureusement, elle échoue par deux fois à reconquérir le titre des finales SLTV, d'abord contre fnatic puis contre LDLC, se heurte aux demi-finales de l'ESWC et de la DH Winter 2014, et n'arrive pas à se qualifier pour les X-Games. L'équipe semble avoir atteint son plafond de verre mais ne désespère pas de faire mieux en 2015, sous l'impulsion d'un GuardiaN de plus en plus monstrueux. En légère méforme en fin d'année, Edward reste malgré tout un élément fiable de l'équipe, dont l'expérience et la régularité sont précieuses lors des matchs à enjeux.

Palmarès de l'année :

13/16. EMS One Katowice
StarLadder StarSeries IX
DreamHack Summer
IronGaming
5/8. ESL One Cologne

StarLadder StarSeries X
GameShow League
StarLadder StarSeries XI
4. ESWC
3/4. DreamHack Winter

2015, le déclic de Cluj-Napoca

Les limites de Na'Vi se confirment dès le premier Major de 2015, l'ESL One Katowice, qui s'achève dès les quarts de finale contre une équipe d'EnVy devenue peu à peu sa bête noire. Il faut changer quelque chose pour repartir de l'avant. Nouvel espoir de la scène CIS, flamie est recruté et prend la place de starix, transféré au poste de coach. Le changement porte ses fruits dès la deuxième sortie de l'équipe, aux finales ESL Pro League I, ancienne version. Na'Vi prend le meilleur sur les Français, 2-1 contre EnVy en demie puis 2-1 à nouveau face à Titan en finale.

GuardiaN est calme, avec beaucoup de sang-froid. C'est un sniper, le meilleur du monde. Son état d'esprit est un peu différent du nôtre étant donné qu'il est Européen, Slovaque pour être précis. Il y a beaucoup de choses auxquelles on réagit impulsivement tandis que lui reste calme. Cela lui permet d'être plus confiant et lui donne un avantage en jeu. Je le respecte beaucoup en tant que joueur, c'est un vrai professionnel, même s'il manque un peu de discipline parfois. En tant que personne il est très gentil, il a un grand cœur, c'est un bon petit Slovaque.

seized et flamie viennent tous les deux de Moscou. Ils sont vraiment focalisés sur notre objectif de gagner, on peut voir leur volonté dans leur regard. Ils sont jeunes, seized est plein d'énergie, il ne peut pas rester assis. C'est un joueur particulier, il aime la tactique et veut jouer de manière complexe tout le temps. On est souvent amenés à défendre ensemble et c'est vraiment une ancre, je m'ajuste à ce qu'il fait. J'aime son style de jeu et sa manière d'être. C'est quelqu'un d'honnête, il n'y a pas de souci à se faire avec lui.

flamie est aussi un bon joueur, très talentueux, je crois qu'il pourrait marquer les mémoires s'il continue à progresser. Il est encore inexpérimenté, un peu naïf. Jeune, en fait. Il a un long chemin devant lui, mais il a le potentiel nécessaire et c'est tout ce qui compte.

Edward à propos de ses nouveaux coéquipiers de la période 2015-2016

La moisson de bons résultats s'étoffe au fil de l'année : 3ème des finales Fragbite Masters S4, 2ème à la DH Summer comme l'année précédente, puis un nouveau titre aux finales SLTV XIII. Durant l'été, Edward et Na'Vi se rappellent même à de bons souvenirs en renouant avec le succès à l'ESWC, délocalisée à Montréal, battant en demi-finale les FlipSid3 d'un certain s1mple.


5 ans après, Edward, Zeus, starix (en coach) et Na'Vi reconquièrent le titre de l'ESWC

Pleine de confiance, la formation va pourtant une nouvelle fois peiner en Major. À l'ESL One Cologne, elle s'incline sans gloire face à EnVy en quart de finale, 2-0. Les problèmes internes ressurgissent, manque de confiance, de compréhension entre tous les joueurs, Na'Vi retombe dans ses vieux démons. Le voyage à Dubaï pour l'ESL ESEA Invitational ne dure que deux Bo1, le temps de finir à la dernière place. Le Major suivant, la DH Cluj-Napoca, ne semble pas vraiment arriver au bon moment pour l'équipe.

En fait, ce sera le tournoi du déclic pour Na'Vi. Comme à leur habitude, Edward et ses compères sortent des poules et atteignent l'arbre final. Et celui-ci va défier toute logique. Trois des quatre favoris, fnatic, TSM et Virtus.pro, vont se faire sortir dès les quarts de finale. En bas de tableau, Na'Vi a hérité des Brésiliens de Luminosity, en pleine ascension mais qui n'ont pas encore véritablement explosé. Les Russo-Ukrainiens passent 2-0 et retrouvent NiP dans le dernier carré. Les Suédois vivent une année morose mais ont réussi à se réveiller au meilleur moment pour sortir TSM au tour précédent. Ce duel d'outsiders va pourtant tourner court tant, dans le sillage de GuardiaN, les Na'Vi vont dévorer les ninjas. 16-3 / 16-6, c'est une volée monumentale qu'ils infligent à leurs adversaires. Voilà Na'Vi en finale d'un Major, pour la première fois sur CS:GO, grâce à un tirage au sort un peu favorable au sein d'un tournoi à moitié fou, et surtout en raison d'un GuardiaN dévastateur.

Le titre suprême n'a jamais été aussi prêt mais le dernier adversaire s'appelle EnVy, le seul favori qui n'a pas failli à son statut et le pire opposant possible pour les Russo-Slovaquo-Ukrainiens. La première carte, Train, sera très serrée. Si Na'Vi a l'occasion de se détacher en défense, elle finit par céder sous les assauts français et craque au dernier moment, 14-16. Dévastés mentalement, les joueurs ukrainiens seront inexistants sur la seconde carte, Cobblestone, perdue 5-16. Na'Vi a laissé échapper un titre qui aurait pu lui tomber entre les mains. Toutefois, cette DH Cluj-Napoca ne restera pas qu'un échec et une énième seconde place. En Roumanie, l'équipe a pris conscience de son plein potentiel et du fait qu'elle était capable de rivaliser avec les tous meilleurs dans les plus grands tournois. Exit le ventre mou du top mondial, la line-up passe à la vitesse supérieure et veut maintenant assumer son statut de favorite dans toutes les compétitions où elle participe.


Edward aura droit à son portrait réalisé par Valve lors de ce Major

L'année se termine ainsi avec une seconde place aux finales ESL ESEA Pro League S2, après une finale de haute volée contre fnatic perdue 2-3, où trois des cinq maps disputées se finissent sur un score de 16-14, et un nouveau titre, aux IEM San José. Na'Vi bat Luminosity, Liquid et TSM en play-offs sans perdre une seule carte, affirmant son nouveau statut. Contre Liquid en demi-finale, Edward joue le héros en clutchant un 1vs4 à 7-14, permettant aux siens de rester en vie et d'entamer une superbe remontée, conclue à 16-14.

Petit à petit et malgré ces quelques fulgurances, il délaisse toutefois les meilleures places du scoreboard, désormais trustées par les jeunes, et change de rôle. Il devient le support de flamie, GuardiaN et seized, un trio qui aura prouvé son efficacité tout au long de l'année.

Palmarès de l'année :

5/8. ESL One Katowice
ESL Pro League Winter
3/4. Gfinity Spring Masters
Fragbite Masters S4
DreamHack Summer
StarLadder StarSeries XIII
ESWC

3/4. FACEIT Stage 2
CEVO S7
5/8. ESL One Cologne
Gaming Paradise
DreamHack Cluj-Napoca
IEM San Jose
ESL ESEA Pro League S2

2016, l'argent ne fait pas le bonheur, ce serait trop s1mple

Le début d'année 2016 ne fait aucun doute : Na'Vi a changé de dimension. En trois mois, deux nouveaux titres viennent s'ajouter à sa collection, la DH Leipzig en janvier puis les finales Counter Pit League en mars. À cela s'ajoutent une médaille d'argent aux finales SLTV XIV et un top 3/4 aux IEM Katowice suite à une demi-finale épique face à Luminosity, point d'orgue de la rivalité avec les Brésiliens. Du moins, pense-t-on, jusqu'à ce que la finale du Major suivant ne se révèle.

Na'Vi – Luminosity est en effet l'affiche de l'ultime rencontre de la MLG Colombus, premier Major de 2016. L'équipe russophone a été très autoritaire pour y parvenir, ne perdant que 13 rounds en poule puis infligeant un 2-0 aux NiP et à Astralis en play-offs. En face, Luminosity est venue à bout de Virtus.pro 2-1 avant de sortir deux remontées incroyables face à Liquid en demi-finale, de 9-15 à 19-15 sur la première carte puis de 6-15 à 19-16 sur la deuxième. L'affrontement entre les deux formations sonne comme la confrontation finale d'un duel en cours depuis de longs mois. Et il le sera puisque pour le perdant, rien ne sera ensuite pareil.

Comme à Cluj-Napoca six mois plus tôt, tout va se jouer sur la première carte. Une nouvelle fois, celle-ci est très accrochée et même encore plus qu'en Roumanie. 15-15, overtime, Na'Vi passe devant 17-16 grâce à un 1vs3 d'Edward sur le dernier round. Dos au mur, les Brésiliens vont pourtant trouver la faille à trois reprises pour remonter et s'octroyer cette Mirage, 19-17. Le coup de bambou est terrible pour Na'Vi qui pensait tenir le 1-0. Le mental craque. Overpass, seconde carte, sera expédiée par Luminosity, 16-2. Edward et ses coéquipiers perdent leur seconde finale consécutive en Major.

La poignée de main entre perdant au fond du trou et gagnant euphorique, toujours un moment délicat à passer

Cette deuxième place va les poursuivre longtemps. C'est comme si Na'Vi avait oublié comment gagner. La formation va perdre les finales de la DH Masters Malmö contre NiP puis celle de la SL i-League Invitational contre Virtus.pro alors qu'elle partait favorite les deux fois. La confiance est de nouveau fragile. L'ESL One Cologne, Major suivant, est un test décisif. Et Na'Vi va y échouer en perdant en quart de finale contre Team Liquid. Avec 70 frags, Edward est le seul à surnager face au prodige ukrainien exilé aux États-Unis, s1mple.

Une barbe aussi célèbre que son porteur

Edward, c'est aussi une barbe. Sur un coup de tête en 2012, après une victoire de son équipe qui traversait des moments compliqués, il décide de ne plus se raser. Une barbe légendaire était née. Encore aujourd'hui, il est difficile de s'imaginer l'Ukrainien sans sa pilosité faciale. Quand il se décide à la raser, la communauté est en émoi. Certains ont même réalisé des albums photos répertoriant l'évolution de sa barbe au fil des années. Bref, elle est devenue un véritable personnage à part et a peut-être aussi participé à faire rentrer Edward dans la mémoire collective.

Cette défaite est celle de trop. La période idyllique est finie. Na'Vi décide de changer quelque chose et n'y va pas avec le dos de la cuillère : Zeus, leader historique, présent dans l'organisation depuis plus de six ans, est mis sur le banc. s1mple est recruté. Edward devient le seul véritable vétéran de l'équipe dans ce qui ressemble fort à une passation de pouvoir. Sur le papier, ce changement laisse rêveur tant s1mple est un monstre de skill, dont le comportement semble s'être assagi depuis son aventure américaine. Et la victoire à l'ESL One New York, deux mois après son arrivée, va donner raison à ses supporters. Na'Vi s'impose face à Virtus.pro en finale, 19-17 sur la dernière carte, et remporte son premier tournoi à 250 000 $ de cashprize !


L'explosion de joie des Na'Vi en disait long sur leur attente pour en arriver là

La lune de miel est belle. Le problème est qu'elle restera, justement, une lune de miel. Passée cette sortie victorieuse, l'équipe peine à réitérer des performances d'un tel niveau. seized, qui a repris le lead, ne convainc pas en meneur et perd en parallèle en niveau personnel, trop concentré sur ses nouvelles tâches. La cohabitation nouvelle entre GuardiaN et s1mple, deux snipers, est compliquée. L'automne tourne au fiasco avec des éliminations en poules de partout et une défaite surprise face à Dignitas lors des demi-finales de l'EPICENTER. Peut-être faut-il simplement plus de temps à ce nouveau cinq pour trouver ses marques. 2017 le dira.

s1mple a une manière particulière de communiquer, tous ses précédents coéquipiers sont au courant de ça. Mais c'est juste l'un des points sur lesquels il doit travailler, on a tous nos points forts et nos défauts. Je ne le juge pas, mais l'une de ses principales faiblesses pourrait être son manque de retenue. Il se met parfois à crier et à se disputer un peu avec tout le monde. Ça arrive, mais ce n'est pas bien grave.

Edward à propos de s1mple

Palmarès de l'année :

StarLadder i-League StarSeries XIV
DreamHack Leipzig
3/4. IEM Katowice
Counter Pit League S2
MLG Colombus
DreamHack Masters Malmö

  StarLadder i-League Invitational
5/8. ESL One Cologne
3/4. ELEAGUE S1
ESL One New York
3/4. EPICENTER

2017, c'est dans les vieux pots...

Malheureusement, le temps ne fera pas son office. Les mois passent et les déceptions s'enchaînent. Éliminés en quart de finale du premier Major de l'année, l'ELEAGUE Major Atlanta, les Na'Vi perdent peu à peu leur aura et ne font plus peur. s1mple a beau multiplier les performances remarquables, une équipe ne peut pas reposer sur un seul homme ni être la somme d'individualités. Si l'ESL One Cologne fait renaître un petit espoir à l'aube de l'été grâce à un top 3/4 obtenu en éliminant G2, le PGL Major Krakow fait redescendre tout le monde sur terre immédiatement. Pour le troisième Major ayant lieu en Pologne, Na'Vi ne parvient à remporter qu'une seule rencontre, contre FlipSid3. Trois défaites, face à G2, Immortals et fnatic, mettent fin à son parcours dès la ronde suisse. seized s'enfonce un peu plus à chaque tournoi, Edward ne parvient pas à remonter la barre individuellement. Ironie suprême, ce Major est remporté à la surprise générale par Gambit, où Zeus a trouvé refuge après son éviction un an plus tôt.

Cette perte du statut de Légende en Major est signe de fin de cycle chez Na'Vi. Trois ans et demi après son arrivée, GuardiaN s'en va. En difficultés depuis qu'il a repris le rôle de meneur, seized est également écarté. L'organisation décide de rappeler le plus vieux compagnon d'Edward, Zeus, en proie à des désaccords internes chez Gambit malgré le succès à Krakow. Il ramène avec lui kane, nouveau coach. Un temps rappelé pour être le cinquième joueur, seized est finalement définitivement mis de côté à l'automne au profit d'electronic, nouvelle pépite russe en provenance de chez FlipSid3. Malgré quelques difficultés en ligne durant les premières semaines, ce cinq inédit réussit sa première sortie en lan, lors de la DH Winter, en s'emparant de la coupe. Entre temps, Edward et Zeus s'étaient rappelés du bon vieux temps en gagnant les finales européennes des WESG avec un mix ukrainien comprenant également markeloff.

Une victoire comme au bon vieux temps pour Edward avec Zeus et markeloff

Le retour de Zeus et l'arrivée d'electronic font souffler un vent nouveau sur Na'Vi. Saison amère, 2017 appartient au passé et 2018 annonce de meilleures augures. Plus que jamais, Edward n'est plus celui qui doit enchaîner les frags et les ouvertures. Au soutien du dévastateur duo s1mple/electronic, la manière dont il est utile pour l'équipe continue d'évoluer.

Palmarès de l'année :

5/8. ELEAGUE Major Atlanta
3/4. StarLadder i-League StarSeries 3
Adrenaline Cyber League
3/4. ESL One Cologne

12/14. PGL Major Krakow
WESG 2017 Finales Europe (avec l'équipe d'Ukraine)
DreamHack Winter

2018, l'année la plus aboutie sur CS:GO

Le début d'année va servir de rampe de lancement à Na'Vi. Le premier Major, l'ELEAGUE Boston, est satisfaisant sur le résultat final, top 3/4, mais pas sur la manière, puisque les Russo-Ukrainiens n'ont battu que la surprise Quantum Bellator Fire en play-offs avant de s'écrouler contre FaZe. Les finales StarLadder i-League S4 sont également décevantes malgré la deuxième place tant la finale contre mousesports semblait être à la portée de la formation, d'autant plus que s1mple a encore augmenté d'un cran son niveau de jeu comparé à l'année précédente. À Marseille, pour la DH Masters, la défaite est moins dure à encaisser contre Astralis, qui montre les premiers signes de sa fabuleuse domination.

S'il n'y a pas de victoires, cet enchaînement met Na'Vi en confiance. Et tout se débloque au début de l'été. En un mois, l'équipe gagne trois tournois consécutifs à 300 000 $ : les StarSeries i-League S5, le CS:GO Asia Championships et surtout l'ESL One Cologne, emblématique étape annuelle du circuit Counter-Strike. Le plus beau succès de la structure sur Global Offensive.


Probablement le trophée le plus prestigieux soulevé par Edward sur CS:GO

Mais il manque toujours un Major. Le FACEIT Major de septembre est l'occasion rêvée d'accrocher enfin le plus prestigieux des titres. Astralis s'y présente en tant que favorite mais Na'Vi a une carte à jouer. Les deux se retrouvent en finale après avoir écarté tous leurs opposants à grands coups de headshots, ne concédant pas une seule carte en play-offs. Mais la finale tournera court. s1mple n'est pas dedans, electronic peine à compenser. Chez les Danois, au contraire, tout le monde répond présent. L'affaire est pliée en deux petites cartes, 6-16 / 9-16. Edward et Na'Vi font grimper le compteur de finales perdues en Major à trois, à une petite unité du record détenu par NiP.

Edward et Zeus, coéquipiers ne veut pas dire amis

Edward et Zeus jouent ensemble depuis plus de 15 ans. Tous les deux originaires de la même ville, Kharkiv, ils vont percer au sein de la même line-up, pro100, à partir de 2004, se faisant d'abord remarquer dans des tournois nationaux avant de sortir peu à peu de leurs frontières.

Cet historique et ces milliers de matchs joués ensemble ne veulent toutefois pas dire que les deux hommes partiraient en vacances ensemble. Dans une interview en 2017, Edward expliquait qu'ils s'entendaient bien, qu'ils se connaissaient très bien, ce qui était un avantage évident en jeu, mais qu'ils n'étaient pas pour autant de proches amis. Ce qui n'empêchera pas Edward d'être le seul à s'opposer à l'éviction de Zeus après l'été 2016, un avis qui ne pèsera pas assez pour sauver le capitaine à l'époque.

Ce coup d'arrêt va impacter la fin de saison. L'équipe parvient à se venger un petit peu en privant Astralis du titre des BLAST Pro Series chez elle, à Copenhague, avec la complicité de NiP, mais va également connaître d'autres échecs. Dernière place aux IEM Chicago, finale perdue à l'EPICENTER contre une formation de FaZe qui commence à se déliter, l'automne reste correct en termes de résultats bruts mais le Major a tout de même fait mal. L'année s'achève sur une deuxième place, encore une, lors des BLAST Pro Lisbonne, après un ultime match perdu face à Astralis.

Si ces performances pourraient être très satisfaisantes pour n'importe qui, ce n'est pas le cas pour Na'Vi. Elle compte dans sa line-up le meilleur joueur du monde, s1mple, et un autre membre du top 5, electronic. Avec une telle configuration, difficile de ne pas vouloir tout gagner. Mais flamie peine à être régulier, Zeus n'a jamais été une brute de skill sur CS:GO, et l'impact réduit d'Edward fâche quelque peu les supporters et analystes. Il n'est pas attendu au sommet du scoreboard, mais ses moves parfois discutables et le fait qu'il réponde de moins en moins présent quand il le faut cristallisent les critiques. 2018 reste une bonne moisson dans sa globalité mais tout le monde attend mieux en 2019.

Palmarès de l'année :

3/4. ELEAGUE Major Boston
StarLadder i-League StarSeries 4
DreamHack Masters Marseille
3/4. ESL Pro League S7
 StarLadder i-League StarSeries 5
CS:GO Asia Championships

  ESL One Cologne
3/4. ELEAGUE Premier
FACEIT London Major
EPICENTER
BLAST Pro Copenhague
BLAST Pro Lisbonne

2019, la fin d'une aventure

Ce n'est pas un petit tournoi perdu contre un outsider, North, à la veille du Major, qui aura raison d'Edward. Ce n'est pas non plus le Major en lui-même, terminé en demi-finale contre les déroutants Finlandais d'ENCE, alors que tout le monde attendait déjà le remake Na'Vi – Astralis en finale. Demi-finale dans laquelle Edward sera d'ailleurs l'un des seuls joueurs de son équipe, avec s1mple évidemment, à répondre présent. C'est encore moins la victoire aux finales StarSeries i-League S7, évidemment.

Non, ce après quoi Edward sera écarté, c'est un échec en phase de poules de l'ESL Pro League S9. Tombée dans un groupe largement à sa portée avec North, BIG et Heroic, Na'Vi doit finir au moins dans les deux premiers pour se qualifier pour les finales mondiales, événement majeur de l'année derrière les Majors. Facile.

Pourtant, la formation va échouer. D'abord contre North, 1-2, puis contre Heroic, 1-2. Cette dernière rencontre est l'illustration parfaite des problèmes de l'équipe depuis plusieurs très longs mois. Un s1mple virevoltant en tête et explosant les compteurs statistiques, un electronic en forme derrière, un flamie de milieu de tableau, mais Edward et Zeus au bord de la noyade en-dessous. En face, Heroic ne comptera qu'un seul joueur finissant le match en positif, mais sait appuyer où ça fait mal.

Il est possible de mesurer la force d'une équipe à la puissance de son meilleur joueur, mais surtout à celle de son élément le plus faible. Chez Na'Vi, l'écart était devenu excessivement grand. Cette élimination est celle de trop. Une semaine plus tard, la structure annonce l'arrivée de Boombl4 en remplacement d'Edward. Celui-ci fait le chemin inverse et file en prêt chez Winstrike, ancienne équipe de Boombl4.

Palmarès des cinq mois passés en 2019 avec Na'Vi :

GG.BET Ice Challenge
3/4. IEM Katowice Major
 StarLadder i-League StarSeries 7

4. BLAST Pro Miami
4. BLAST Pro Madrid

L'écartement de l'ancienne gloire de CS 1.6 n'a surpris personne. Même pas elle. Edward savait qu'en cas de nouveau changement, il serait le premier concerné.

Pour être complètement honnête, j'anticipais ce moment depuis un bout de temps maintenant, peut-être un an. Ce qui est arrivé n'était pas une surprise, mais j'étais quand même nerveux. Pendant longtemps, je l'ai redouté, mais en même temps je suis content que cela soit enfin arrivé. Les choses avancent, je quitte cet état d'attente et de stagnation. Il y avait évidemment de l'émotion quand on en a parlé, il ne pouvait pas en être autrement. J'étais devenu habitué à Na'Vi, alors c'était tout de même difficile de partir.

Edward suite à sa mise à l'écart

Parti chez Winstrike, Edward ne va donc pas prendre sa retraite. Au contraire, c'est même un nouveau pan du jeu qui s'offre à lui puisqu'il va embrasser le poste de leader-in-game pour la première fois. "Je suis encore en train de me familiariser avec certains éléments du rôle, mais en même temps je l’apprécie vraiment, je suis vraiment à l’aise avec".

Il y a trois ans, son coéquipier de toujours Zeus avait été prié de quitter Na'Vi. Il avait rebondi chez Gambit et avait accompli l'un des plus grands exploits de ces dernières années en allant remporter un Major avec cette équipe. Avec Winstrike, Edward semble partir d'encore plus bas, mais peut-on rêver à nouveau ? Seul ce titre manque à son immense palmarès. À 31 ans, cet Ukrainien à l'anglais timide et aux interviews rares (mais qui sait se présenter en français !), a autant grandi avec Na'Vi que Na'Vi n'a grandi avec lui, et n'a plus rien à prouver à personne. Ses plus grandes heures sont derrière lui. Mais il ne dirait sûrement pas non à quelques médailles de plus avant de ranger définitivement la souris au placard. Histoire de conclure en beauté une histoire déjà longue de vingt ans avec Counter-Strike.

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