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Blog de la rédac : Esport et dépendance

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Déjà plus de dix ans qu'en France des compétitions importantes sont organisées très régulièrement sur des jeux vidéo, et pourtant, force est de constater que notre secteur a bien du mal à passer au stade adulte et à prendre son autonomie. L'exemple des finales Masters en est l'illustration la plus récente : LDLC a certes permis au circuit d'avoir malgré tout des finales offline, mais la dépendance de ce circuit à un seul partenaire a quelque chose d'inquiétant.

Notez que cette dépendance ne date pas d'hier, et ne concerne pas que les organisations françaises. ESL est ainsi selon nos informations complètement tributaire d'Intel pour l'organisation de sa composition phare, les IEM. Mais aussi plus proche de nous, les EMS n'ont été sortis de leur situation comateuse que grâce aux fonds apportés par RaidCall.

Or il est utopique de penser que cette prédominance d'un sponsor n'ait aucune influence sur la compétition en elle même. Le meilleur exemple est sans doute l'ESWC 2008. Nvidia, alors partenaire principal de l'événement, a ainsi quasiment imposé le lieu des finales, à San Jose aux Etats-Unis pendant le "Nvidia Nvision 2008", un événement dédié à la marque. Avec pour résultat des finales sans trop de spectateurs, à des horaires compliqués pour les Européens. Et paradoxalement, une étape intermédiaire, les Masters de Bercy, qui aura finalement bien plus marquée les esprits que les finales en elles-mêmes.

ESWC Masters 2008...Ca avait une sacré gueule quand même ! (crédit photo : ESWC.com)

Que penser également de l'action des mécènes, comme Murat "Arbalet" Zhumashevich Tulemaganbetov ? Sponsor d'équipes prestigieuses comme Na'Vi ou organisateur de cups portant son pseudo, ce personnage était au cœur de nombreuses actualités CS de 2010... Qu'en reste-t-il aujourd'hui à part une ligne dans le palmarès de certains joueurs (et quelques milliers d'euros en plus dans leur portefeuille) ? Plus proche de chez nous, difficile également de ne pas faire un lien, toutes proportions gardées, avec la structure Imaginary Gaming, qui a explosé en 2013 avec des joueurs reconnus, avant de disparaitre de la circulation en à peine quelques semaines. On verra ce qu'il adviendra d'Astana... Sans compter bien sur la provenance parfois douteuse des fonds, comme dans l'affaire de Moscow 5, une équipe LoL bien connue, dont le gérant a été arreté pour des arnaques à la carte bleue.

L'avant dernière tendance (il faut s'accrocher, ça change rapidement) dans le monde du financement du sport électronique sont les revenus du streaming : tout le monde lorgnait avec envie sur les audiences quotidiennes à cinq chiffres des Ocelote, HotShotGG ou Stephano sur Twitch et des revenus qui en découlaient. Résultat magnifiquement illustré dans le tweet ci-dessous :


On parle d'un milieu qui réunit, a priori tous jeux confondus, quelques centaines de milliers de spectateurs au maximum, est-ce vraiment sérieux d'avoir autant de chaînes différentes ? Chacun espère grappiller une part (ou des miettes) du gâteau... Qui -s'il a pu grossir ces dernières années- reste toujours relativement petit.

Enfin, la dernière tendance est au financement collaboratif (crowdfunding). Vous avez peut-être lu sur VaKarM la news concernant le projet PyroHQ, mais derrière cette initiative plutôt bien ficelée et transparente, nombreux sont ceux à s'être engouffré dans la brèche ouverte par Chips & Noi : le succès du financement de Tales of the Lane (tournoi League of Legends) a donné des idées, plus ou moins bienvenues, à d'autres. Si ce mode de financement présente un vrai intérêt, choisissez avec soin les projets que vous soutenez !

Votre soutien est précieux, ne faites pas la même chose... (idée gif : @lepolac)


De manière générale, on a parfois un peu l'impression que les entités du milieu esport sont proches de la sangsue : c'est à qui trouvera la meilleure proie, en essayant de lui sucer le maximum de sang (comprendre : d'euros) avant que les autres ne s'y accrochent, pour au final laisser un hôte complètement exsangue. Si c'est particulièrement visible concernant les entreprises qui sponsorisent (c'est la guerre à qui décrochera le meilleur contact, quitte à faire parfois, voire souvent, miroiter la lune), c'est vrai également pour les autres sources de financement citées plus haut. Le portefeuille des mécènes ou des joueurs n'est pas infini, les spectateurs finiront sans doute par réaliser que certains projets MyMajorCompany sentent très fort l'entourloupe et on commence d'ores et déjà à voir dans le monde anglo-saxon quelques scandales éclater sur des abus liés à ce mode de financement (voir ici, en anglais).


L'un des avantages de voler ainsi de source de financement à une autre, c'est aussi qu'in fine on a moins de compte à rendre : qu'importe si le nombre de pages vues promis au sponsor est inférieure de moitié à ce qui était marqué sur la plaquette, M. X est super motivé par notre projet et va nous faire un gros chèque. Lancer une TV va me couter des grosses dépenses de matériel ? Très bien, je vais faire prendre le risque par les spectateurs, alors même que de l'autre coté j'empocherai tous les revenus lié au stream.


Il faut se goinfrer, le plus vite possible, tant qu'il en reste !


Risque collatéral de cette grande diversité, les potentielles différences d'ordre de grandeur entre les différentes sources de financement: si tout d'un coup on vous propose dix fois plus de revenus que d'habitude, sans forcément de réalité économique derrière, le risque de devenir réellement dépendant de cette source est majeur, sans compter le fait de tuer vos autres sources de revenus, qui ne pourront (ou ne voudront) pas forcément s'aligner. Le jour ou cette manne providentielle disparait, le retour à la réalité est brutal : les CGS (et leur arrêt) ont ainsi sans doute une part de responsabilité non négligeable dans l'état actuel de la scène CS Nord Américaine: difficile de retourner jouer très sérieusement pour gagner quelques centaines de dollars quand on a été habitué à recevoir un salaire mensuel à quatre chiffres.


A sa décharge, le monde esport ne peut pas faire abstraction de la réalité et les liquidités sont indispensables, que ce soit pour proposer de meilleurs événements, pour rémunérer les joueurs, améliorer les coverages etc... Mais il est difficile de ne pas penser que la multiplication actuelle des entités ne soit pas nuisible et entraine une dispersion importante des moyens disponibles (et des compétences, mais c'est un sujet à part entière).

 

Pour en savoir plus sur le crowdfunding, très bon dossier de PCInpact

 

Notez que cette dépendance ne date pas d'hier, et ne concerne pas que les organisations françaises. ESL est ainsi selon nos informations complètement tributaire d'Intel pour l'organisation de sa composition phare, les IEM. Mais aussi plus proche de nous, les EMS n'ont été sorti de leur situation comateuse que grâce aux fonds apportés par RaidCall.

 

Or il est utopique de penser que cette prédominance d'un sponsor n'ait aucune influence sur la compétition en elle même. Le meilleur exemple est sans doute l'ESWC 2008. nVidia, alors partenaire principal de l'événement à ainsi finalement quasiment imposé le lieu des finales, à San Jose pendant le "Nvidia Nvision 2008", un événement dédié à la marque. Avec pour résultat des finales sans trop de spectateurs, à des horaires compliqués pour les Européens. Et paradoxalement, une étape intermédiaire, les Masters de Bercy, qui aura finalement bien plus marqué les esprits que la finale en elle même.

 

Que penser également de l'action des mécènes, comme Murat "Arbalet" Zhumashevich Tulemaganbetov ? Sponsor d'équipes prestigieuses comme Na'Vi ou organisateur des cups portant son pseudo, ce personnage était au cœur de nombreuses actualités CS de 2010... Qu'en reste t-il aujourd'hui a part une ligne dans le palmarès de certains joueurs (et quelques milliers d'euros en plus dans leur portefeuille) ? Plus proche de chez nous, difficile également de ne pas faire un lien, toutes proportions gardées, avec la structure imaginary gaming, qui a explosée en 2013 avec des joueurs prestigieux, avant de disparaitre de la circulation en à peine quelques semaines. Et on verra ce qu'il adviendra d'Astana...

 

L'avant dernière tendance (il faut s'accrocher, ça change rapidement) dans le monde du financement du sport électronique c'était les revenus du streaming : tout le monde lorgnait avec envie sur les audiences quotidiennes à cinq chiffres des Ocelote, HotShotGG ou Stephano sur twitch et des revenus qui en découlait. Résultat magnifiquement illustré dans le tweet ci-dessous :

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