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dupreeh répond aux questions
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Peter "dupreeh" Rasmussen, le joueur de chez Astralis, s'est récemment livré à une AMA (Ask Me Anything, l'équivalent de notre foire aux questions) sur reddit. Il a abordé de nombreux points sur sa vie de joueur, son équipe, le jeu, son rythme de vie, etc. Le tout est disponible en anglais ici, mais voilà quelques éléments de réponses traduits en français.

Quelle est la routine d'un joueur professionel de CS:GO ? Que fais-tu pendant une journée-type, combien de temps t'entraînes-tu seul, en équipe, quelle est la part accordée à la théorie et celle accordée à la pratique, contre quelles autres équipes vous entraînez-vous...

Etre un "esportif" professionnel n'est pas une chose évidente, surtout si vous voulez avoir une vie privée à côté. Mais les choses vont en s'arrangeant.

Il y a quelques années, l'esport était surtout un hobby, malgré les salaires décents, et on s'entraînait tous les soirs de 17h à 23h. Mais le problème avec ça, c'est le décalage : si j'ai une copine ou des amis avec qui je veux passer du temps, il fallait que ce soit le matin ou en début d'après-midi, mais ce n'était pas non plus possible à cause de l'école ou du travail, et quand eux étaient finalement disponibles, je devais m'entraîner. Ce n'était pas évident à gérer, ça a d'ailleurs cassé plusieurs de mes relations.

Aujourd'hui, on essaie de s'entraîner de 10h à 16h, de faire en sorte que ce soit plus facile d'avoir une vie en dehors de notre carrière, car CS peut très vite prendre toute la place, et ce n'est pas toujours optimal. Personnellement, J'AIME mon travail, voyager, passer du temps avec les personnes que j'apprécie, et je suis payé pour jouer à mon jeu favori, mais cela a aussi des limites.

Un jour normal, depuis deux mois, commence vers 9h. Je déjeune et fais du café. À 10h, on se retrouve avec toute l'équipe et on parle tactique, les problèmes qu'on a pu rencontrer, ce qu'il faut changer. On joue ensuite généralement de 11h à 17h, en se concentrant sur ce que l'on vient de voir.

Quand je ne joue pas, j'aime aller marcher avec mon chien, prendre l'air et lâcher un peu l'ordinateur, passer du temps avec ma famille ou mes amis et retrouver de la motivation. Quand je retourne sur le PC le soir, je ne joue plus vraiment à CS. J'aime jouer aux jeux vidéo, alors je joue à pas mal de titres différents, mais juste de manière occasionnelle bien sûr.

Quand je sais qu'un gros tournoi arrive, comme le prochain Major, je fais du deathmatch tous les jours pour maintenir mon niveau de jeu individuel. J'essaie d'en faire 1h à 1h30 par jour. Quand on s'entraîne en équipe, on joue toujours contre d'autres équipes de pros, jamais des équipes au hasard. On met l'accent sur la communication, jouer ensemble et essayer les nouvelles stratégies qu'on a inventé.

En tournoi, c'est très différent. Chaque tournoi est différent, et ne propose pas toujours les mêmes choses. Nous n'avons pas toujours des ordinateurs pour jouer en dehors des matchs officiels, mais quand on en a, j'aime jouer à Hearthstone ou faire du deathmatch autant que possible, pour passer le temps et rester concentré.

Avant les gros matchs, je me prépare toujours pour jouer spécifiquement l'adversaire. Par exemple, je regarde des démos de notre opposant du lendemain, et je cherche des spécificités dans son jeu. [...] En tant qu'ouvreur, j'aime étudier le jeu des autres en CT pour voir où peuvent être les meilleures opportunités. Disons qu'olofmeister aime jouer trois positions précises sur un bombsite, je sais où je devrais me concentrer en arrivant sur ce BP, et parfois c'est ce qui me donne l'avantage !

Comment arrives-tu à identifier tes erreurs, individuellement mais aussi avec ton équipe ?

J'ai souvent une feuille de papier et un crayon devant moi, et à chaque fois que je meurs, je le note. Par exemple :

1er round : je meurs parce que j'ai été trop agressif (on perd le round).
2nd round : je meurs car ils m'ont rushé et je n'avais qu'un petit pistolet.
3ème round : je meurs car ils m'ont rushé et je n'avais qu'un petit pistolet.
4ème round : je meurs parce que mon coéquipier ne m'a pas aidé.
5ème round : je meurs parce que je n'ai pas réagi à l'information que me donnait mon coéquipier.
etc, etc.

Ainsi, je peux voir si je suis trop agressif, si je n'écoute pas assez mes alliés ou si je me positionne mal.

En équipe, c'est très important d'avoir l'esprit ouvert et de pouvoir discuter librement des problèmes rencontrés. Si je pense que mon coéquipier la joue trop perso, je vais lui dire. S'il communique mal lors de certaines situations un peu tendues, je vais lui dire.

C'est important d'avoir une approche professionnelle et constructive, de parler et de voir comment résoudre le problème. C'est la meilleure méthode. Ne montrez pas juste du doigt. Ce n'est pas comme ça que vous progresserez.

Comment devenir un bon ouvreur ?

Etre ouvreur est un rôle très compliqué. Il est basé sur de bons réflexes, la connaissance du jeu de ses adversaires et des différentes lignes possibles. Il faut arriver à savoir comment joue l'adversaire : qu'aime-t-il faire ? Quels sont ses moments de faiblesse, où je peux en profiter ?

Avoir des coéquipiers qui lancent de bonnes flashs facilite aussi le travail. Il faut également avoir une communication très rapide, dire exactement d'où l'on a été tué, où est-ce qu'on tue, que fait l'adversaire, est-ce qu'il a du stuff en main...

Mon conseil serait de connaître ses lignes, et de savoir décaler son ennemi dans les positions les plus communes, mais aussi dans celles moins habituelles. Décal' large ou non, décal' à l'épaule, c'est parfois compliqué. La communication est donc aussi une chose vitale, il faut apprendre à parler vite mais bien.

Évidemment, tu as dû travailler incroyablement dur pour arriver là où tu en es aujourd'hui, mais penses-tu qu'on peut atteindre ce niveau même sans "talent" particulier ? Quel seul l'entraînement peut suffire ?

J'ai toujours eu un "flair" pour jouer aux jeux vidéo, notamment aux FPS. J'ai galéré les 2-3 premières fois, mais je n'ai pas eu besoin de beaucoup de temps pour comprendre comment le jeu marchait et battre tous mes amis. C'est assez naturel pour moi. Je suis content d'être comme ça parce que cela m'a amené à faire une carrière sur CS.

Je ne pense pas que tout le monde puisse y arriver, non. Malheureusement pas. Je pense qu'il faut un certain flair, un certain talent pour y arriver.

Quelles sont les relations avec les autres joueurs pros de la scène ? Certains avec qui tu ne t'entends vraiment pas, et ça peut jouer au moment de les affronter ?

En général, nous sommes tous amis. Pas "bons" amis, mais sympas entre nous parce que nous avons tous le même but, faire en sorte que l'esport devienne plus gros et meilleur.

Il y a aussi des joueurs que je n'apprécie pas, et je suis sûr à 100 % que certains ne m'apprécient pas non plus, mais c'est la vie. Le meilleur sentiment est d'être ennemi en jeu, mais ami en dehors.

Comment arrives-tu à rester calme durant les situations de clutch ?

C'est difficile à expliquer. Je me concentre uniquement sur moi et les informations que j'ai, que ce soit grâce au son ou à mes coéquipiers. Est-ce que j'ai beaucoup de stuff ou non ? Tout cela influe sur ma manière d'aborder la sitation.

Jouer un 1vsX consiste surtout à décaler au bon moment et à isoler les adversaires, pour avoir le plus de duels possibles en 1vs1, que ce soit en décalant quand il faut ou bien en usant bien son stuff. Essayer de ne pas trop penser à la situation permet de rester calme, mais aussi de mieux assimiler ce qu'il faut faire, au moment où il le faut.

Qu'est-ce qui a changé avec le départ de karrigan et l'arrivée de gla1ve qui a fait que soudainement, vous êtes devenus la meilleure équipe du monde ?

C'est une dure réalité, mais nous n'arrivions plus à avoir confiance en karrigan. Ce n'est pas que de sa faute, aussi de la nôtre. Nous n'avions plus confiance en ses calls, on hésitait et on avait toujours le sentiment que nous n'allions pas gagner. Nous n'arrivions plus à franchir cet obstacle, alors nous avons dû faire un changement.

gla1ve est un très bon caller, et il apporte beaucoup de variété dans notre jeu, ce dont nous avions besoin. Mais ce qu'il a apporté de plus précieux, c'est la confiance. On a recommencé à croire en nous de nouveau, et aussi à la victoire.

L'AMA complète est disponible ici (en anglais)

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